En pleine guerre, dans une ville assiégée et bombardée, une femme prend la parole. Sur ce motif simple et poignant, Atiq Rahimi est l'auteur d'un magnifique monologue d'une jeune épouse à Kaboul sous le joug de la barbarie masculine. Au chevet de son mari dans le coma, entre les cris et les mitraillettes, elle se met à parler à ce corps allongé et immobile pour ne pas perdre la raison.
Peu à peu, les souffrances, les peurs, les frustrations et bientôt les fantasmes sortent de la bouche de cette Afghane, murée à l'extérieur derrière sa burqa. L'homme devient ainsi sa Syngué Sabour, sa « pierre de patience », en dialecte dari, qui, selon une vieille légende perse, prétend que confier ses malheurs à une pierre magique libère l'âme. Après les avoir écrits, Atiq Rahimi met en image tous ces mots perdus, enfouis, enfin exprimés, et dresse le portrait d'une femme à la conquête de sa liberté et de sa sexualité.
Troublant, émouvant, surprenant, le film Syngué Sabour a peut-être perdu de l'érotisme puissant du roman, mais a gagné dans l'incarnation de son héroïne, belle comme un ange et au corps magnétique. Une ode à la féminité afghane et universelle.