France: Jean-Marc Ayrault dans un rôle d'équilibriste entre croissance et austérité

Jean-Marc Ayrault a réuni ce mercredi 20 février le gouvernement à Matignon pour un déjeuner destiné à évoquer la situation budgétaire de la France et les nécessaires efforts de réduction des dépenses. A l’issue de ce déjeuner, le Premier ministre a rappelé les enjeux liés à la réduction des déficits. Mais il a aussi manifesté l'importance de soutenir la croissance.

Le Premier ministre français se livre à un difficile exercice d'équilibriste. Il assure en effet que l'objectif du gouvernement est à la fois de réduire les déficits, tout en préservant la croissance, c'est-à-dire sans sacrifier les dépenses d’investissements. « Nous devons réduire nos déficits et soutenir la croissance. L'un ne peut aller sans l'autre », a-t-il insisté ce mercredi 20 février, à l’issue d’un déjeuner de travail à Matignon auquel étaient invités tous les ministres.

« Il ne s'agit pas d'ajouter des mesures aux mesures parce que nous ne voulons pas tomber dans l'austérité », a déclaré en écho François Hollande, en début de soirée ce mercredi. Le président de la République française, en visite à Clermont-Ferrand, a affirmé cependant que la France devait continuer sa « trajectoire » de réduction des déficits, en vue d’atteindre « le plus près possible » l’objectif des 3%.

Un gouvernement inquiet

Un message difficile à faire passer, même auprès des membres du gouvernement. L'objectif de la réunion autour de Jean-Marc Ayrault était aussi, visiblement, de recadrer les discours, après que certains ministres ont manifesté leurs craintes de voir leurs budgets révisés à la baisse et les projets qu’ils portent sacrifiés sur l'autel de la réduction des déficits publics.

Mardi 19 février, c’est face à des parlementaires socialistes, eux aussi très inquiets, que le chef du gouvernement avait dû rassurer, en niant toute volonté d'appliquer des mesures de rigueur. Lui qui avait affirmé justement qu'il ne serait pas le Premier ministre de la rigueur, s’affiche ainsi droit dans ses bottes. Il assure garder le cap de sa politique, dont le seul objectif est désormais l'équilibre des comptes en 2017.

Mais pour y parvenir, il faudra faire des économies. Pour le moment, sur cette question, Jean-Marc Ayrault n'a toujours donné aucune indication précise. Il refuse catégoriquement d'évoquer une quelconque austérité budgétaire, même si les prévisions de croissance sur lesquelles le gouvernement avait bâti son budget vont devoir être sévèrement revues à la baisse. Le Premier ministre évite toujours la question qui fâche.

Nécessité ou «absurdité» ?

A L'Assemblée nationale, la position de Jean-Marc Ayrault est, forcément, diversement appréciée. Jean Glavany, député PS des Hautes-Pyrénées, reconnaît que « c’est un exercice difficile », mais il n’y a selon lui, « pas d’autre choix que de trouver ce bon réglage : être rigoureux dans la gestion et ne pas casser le peu de croissance qui reste. »

Sur les bancs de l’opposition, par contre, la critique est acerbe : la droite ironise et crie à l’amateurisme. Hervé Mariton, député UMP de la Drôme, évoque même une « anti-politique ». « Il faut faire des économies, c’est une vérité d’évidence. Le gouvernement ne peut pas le dire le soir discrètement à Bruxelles, et clamer à sa majorité et aux Français qu’il fait le contraire », accuse le député UMP qui juge qu’ « à un moment, soit les français, soit les marchés, soit Bruxelles vont crier à l’absurdité. »
 

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