Le militantisme dans le rap n’est pas une nouveauté, on peut souligner qu’il s’agit même de la base de cette musique. Alors, le 12 juillet 2012, lorsque la fermeture de l'usine PSA à Aulnay-sous-Bois a été annoncée, un rappeur salarié de l’usine s’est retrouvé interpellé par ses collègues. L'ouvrier rappeur s’en est expliqué dans un article publié sur le blog d’Aulnay-sous-Bois : « Ils étaient tous tristes, rebellés, énervés. […] Ils m'ont, tout de suite, dit : Kash est-ce que tu peux faire une musique, parlant de ce qui se passe aujourd'hui ? J'ai dit d'accord, je fais la musique mais à la rentrée, vous, vous devez tous être dans le clip ! »
Scander à la manière des rappeurs un état des lieux professionnels
Kash est en fait Franck Jautee, qui occupe le poste de moniteur de ligne à l’usine (il s’agit pour lui de coordonner le travail de six ouvriers sur une chaîne de montage). Ce salarié de PSA n’a donc pas souhaité marcher sur les plates-bandes du Coréen PSY en faisant une énième parodie du Gangnam style. Non, il a plutôt décidé de transformer la désormais classique rengaine : « Tous ensemble, tous ensemble ! Ouais, Ouais ! » pour scander à la manière des rappeurs un état des lieux professionnels et des revendications salariales chez PSA.
Près de 50 salariés participent à son clip
Mais le plus important a aussi été, pour Franck, de placer sous les projecteurs ceux qu'on ne voit jamais. Ainsi, près de 50 salariés participent à son clip. « Il fallait montrer qui sont les personnes de PSA, ceux qui vont se retrouver soit à la rue soit dans des plans de licenciements évasifs, cachés derrière des écrans de fumée. C'est eux qui vont subir tout ça, c'est eux qui ont mal. On ne les voit pas forcément devant les caméras des télévisions. »
« PSA, patron saboteur d’avenir »
Six mois de travail ont été nécessaires à ce moniteur de ligne pour un résultat désormais visible sur Internet depuis le 30 janvier. Quatre minutes de rap engagé commençant par un extrait d’un journal télévisé annonçant la fermeture de l’usine. Durant le morceau, il a ensuite traduit en musique et en mots la déception et la colère des salariés, avec des « punchlines » du type : « Menteur d’un jour, menteur toujours », « PSA, patron saboteur d’avenir », « Faux espoirs réduits à néant, au rythme de leurs discours bien ficelés, culpabilisants »... Le clip a d’ores et déjà été vu plus de 60 000 fois sur YouTube.