Rendez-vous compte : François Hollande, cet homme qui déteste tant les conflits, a déclenché une intervention militaire sans trembler. Le chef de l'Etat est soudain devenu chef de guerre, sous le regard admiratif de certains de ses conseillers. Comme si l'Elysée découvrait l'art du storytelling, pour raconter l'histoire d'un président transformé, à l'autorité désormais incontestable. La guerre du Mali serait ainsi un tournant du quinquennat, un tournant dans l'image que les Français ont de leur président.
Alors François Hollande a-t-il changé ? Bien sûr, la fonction et les circonstances font l'homme. Mais dans les allées du pouvoir, certains réfutent la thèse de la transformation, « un peu artificielle », selon un de ses proches. « On n'a pas découvert un autre bonhomme », sourit un ministre. Il observe en fait chez Hollande « une gravité qui ne l'a pas quitté depuis qu'il est président ».
Comment ne pas avoir de la gravité, d'ailleurs, en pareilles circonstances ? Mais François Hollande, lui-même, à Dubaï, l'a dit : « Je suis resté le même ». Une manière de signifier qu'il est bien président depuis le 6 mai.