Les Adieux à la reine, l’adaptation d’après le roman homonyme de Chantal Thomas, reconstitue sous forme d’une fresque cinématographique les trois derniers jours de Marie-Antoinette dans un château de Versailles qui se vide face à un bain de sang qui s’annonce. Le réalisateur s’est visiblement donné avec joie à sa passion pour les fins de règne en montrant ce monde en perdition, à Versailles, après la Révolution du 14 juillet 1789.
Filmé essentiellement avec la lumière naturelle dans le cadre historique de Versailles, ce sont surtout les personnages des actrices qui font vibrer à merveille l’atmosphère d’autrefois : la reine, campée avec souveraineté et délicatesse par Diane Kruger, et la comtesse de Polginac, incarnée avec verve par Virginie Ledoyen, donnent chair à cette vie dans l’insouciance et la désinvolture qui est en train de disparaître à jamais.
Le caractère documentaire de l’œuvre cinématographique s’arrête là où la fiction commence. Benoît Jacquot a décidé de faire vivre aux cinéphiles un soupçon d’une liaison homosexuelle entre la reine Marie-Antoinette et sa jeune lectrice Sidonie Laborde, interprétée par Léa Seydoux.
Les Adieux à la reine, nommé dans neuf catégories à la Berlinale, n’avait jusqu’ici reçu aucune distinction importante dans le monde. Aujourd’hui, le jury présidé par Gilles Jacob l’a couronné meilleur film français de l’année avant les favorites Amour de Michael Haneke et De rouille et d’os de Jacques Audiard.