C'est un monde en perdition que filme avec sensibilité et intelligence Benoît Jacquot. Unité de lieu : Versailles. Unité de temps : les trois derniers jours de la reine dans ce palais qui bruit de rumeurs puis se vide. Unité d'action : l'admiration que porte à Marie-Antoinette une jeune lectrice de 20 ans, Sidonie Laborde, à laquelle Léa Seydoux prête sa fraîcheur et sa détermination.
En adaptant un roman de Chantal Thomas, Benoît Jacquot réalise un film à multiples facettes : description d'un microcosme qui s'écroule mais ne le sait pas encore, trio ambiguë et sensuel entre la reine incarnée par une Diane Kruger impériale, sa favorite Gabrielle de Polignac et la jeune Sidonie, et même grand film sur le pouvoir, même si tous les morceaux de bravoure révolutionnaire, comme la prise de la Bastille, sont laissés hors champs.
Dans Les adieux à la reine, Versailles apparaît comme un paquebot à la dérive, prêt à sombrer. La fin de règne d'un monde de privilégiés, indifférents à la colère qui gronde...