C'est la stigmatisation d'une longue dérive dont témoigne le salaire du patron emblématique des années 2000, Richard Descoings, décédé en avril, directeur de Sciences-Po pendant seize ans et qui a gagné jusqu'à près de 540 000 euros en 2010. Une rémunération hors de proportion, pour la Cour des comptes, qui dénonce l'évolution de ce salaire, +60,4 % en sept ans, et son calcul, pour partie confiée à l'intéressé.
Durant les années 2000, les choses se sont donc déroulées dans une opacité et une ambiguïté juridique qui ont favorisé super-bonus, primes et autres avantages, en logements de fonction par exemple, attribués dans la plus grande irrégularité et sources d'injustice pour les personnels dont les professeurs - les vacataires assurant plus de 90 % des cours mais ne pesant qu'à peine 56 % dans les dépenses d'enseignement.
Elitisme, arbitraire, gestion hasardeuse, complaisance de l'Etat, le rapport note aussi un point, peut-être le plus sévère pour les années Descoings dites « d'ouverture sociale » de Sciences-Po : on est encore loin des 30 % d'étudiants boursiers fixés pour 2012. Et plus inquiétant encore : cette « diversification » clamée a surtout profité aux élèves des classes les plus aisées, au détriment ce ceux des classes moyennes.
Ce rapport, sévère donc, relance évidemment la question de la succession de Richard Descoings à la tête de Sciences-Po. Succession qui échappera, c'est sûr, à Hervé Crès, pressenti par la direction sortante mais montré du doigt comme les autres responsables de l'école dans les irrégularités constatées.