« Ni virage ni tournant ». François Hollande assume ses choix, mais rejette toute inflexion. Le tournant, dans l'inconscient collectif de la gauche et des socialistes, c'est celui de la rigueur de 1983, l'adieu au slogan « Changer la vie ».
A l’inverse de François Mitterrand et du Parti socialiste cette année-là, François Hollande, lui, dit assumer ses choix, y compris le reniement sur la TVA. Il explique que c'est en cohérence avec son discours de campagne. Mais si François Hollande avait effectivement évoqué le redressement des comptes publics et le redressement industriel, il n'avait jamais annoncé 20 milliards de hausse d'impôts.
Le vrai virage se situe surtout dans le rapport des socialistes à l'entreprise, avec une politique de l'offre où l'on parle coût du travail. On ne peut cependant pas vraiment parler de conversion ; François Hollande n'a jamais caché son social-libéralisme. C’est un pragmatique prudent qui a décidé de prendre « ses responsabilités ».
Mobilisation contre le chômage
François Hollande se montre également volontariste, en particulier sur la question du chômage, ce qui a valu une petite pique contre son prédécesseur socialiste, François Mitterrand, qui avait fini par avouer son impuissance contre le chômage. Une erreur politique, que François Hollande ne compte pas rééditer pas. Le chef de l’Etat lance la mobilisation générale – le vocabulaire est militaire. Il est le chef et le fait savoir. Et de reprendre cette promesse audacieuse : à la fin 2013, la courbe du chômage sera inversée.
Après Nicolas Sarkozy qui souhaitait être un président protecteur en 2008, François Hollande, lui, se veut rassembleur. Il ne veut rien faire qui divise un peu plus les Français. Ainsi, à propos du droit de vote des étrangers aux élections municipales, François Hollande a affirmé qu’il n’y avait pas de majorité qualifiée au Parlement, et qu’il n'y aurait pas de référendum. La promesse de la gauche, vieille de plus de 30 ans, est pour ainsi dire enterrée.
Le président appelle les Français à « faire bloc », « à faire nation », selon une curieuse expression. Cette thématique de la nation est adressée aux catégories populaires, aux ouvriers, qui se sont détournés de lui. Pourtant, François Hollande dit ne pas se soucier de sa popularité. « Mais la seule question qui vaille à mes yeux, ce n'est pas l'état de l'opinion aujourd'hui, c'est l'état de la France dans cinq ans », affirme-t-il.
François Hollande a toujours dit qu’il était élu pour cinq ans. Son slogan de campagne, « Le changement, c’est maintenant », est oublié. Le président évoque désormais « la reconquête de l'avenir ». Comme s'il peinait, encore, à faire président.