Les prix Médicis 2012 : Emmanuelle Pireyre, Avraham B. Yehoshua et David Van Reybrouck

Plus d’annonce de prix littéraire sans fuite organisée. Comme hier avec le prix Femina, c’est encore l’éditeur qui a doublé le jury du prix pour annoncer, ce 6 novembre, la remise du prix Médicis à Emmanuelle Pireyre pour Féerie générale (L’Olivier). Le Médicis du roman étranger est attribué au grand écrivain israélien Avraham B. Yehoshua pour Rétrospective. Le Médicis essai revient à David Van Reybrouck pour son récit extraordinaire Congo, une histoire.

La Féerie générale commence comme une grève générale, avec un rêve. Le tout est raconté, comme dans une série de télévision, avec une panoplie de personnages : le refus de la finance de la part d’une petite fille qui préfère peindre des chevaux, des artistes qui investissent les casernes ou une jeune musulmane qui se confronte à un mur de glaces. Issue du milieu de la poésie, Emmanuelle Pireyre s’est inspirée beaucoup de notre monde contemporain, ou plutôt des univers qu’elle côtoie. La source de ses idées, cela peut être un tueur en série japonais, des tragédies grecques, des rêves nocturnes ou les comptes-rendus des maîtresses pour sa fille à l’école maternelle.

Née en 1969, Emmanuelle Pireyre vit et travaille à Lyon. Son goût pour la bizarrerie du monde a depuis toujours transpiré à travers les titres de ses livres précédents comme Congélations et décongélations, et autres traitements appliqués aux circonstances suivi de Mes vêtements ne sont pas des draps de lit ou La danse est-elle dangereuse pour les jeunes filles ?, pour ne citer quelques unes des perles de cet auteur qui aime aussi bien composer la poésie, la vidéo ou des récits radiophoniques sur France Culture.
 

Avec sa tête bien faite, son apparence filigrane et sa coupe de cheveux « Jeanne d’Arc », Pireyre a expliqué la genèse de la Féerie générale : « J’ai observé, pendant une année environ, les petites scénettes que je voyais dans ma rue, ici et là, des couleurs, des matières, des petits personnages. Donc je décrivais une petite scène, un adulte avec un enfant, quelqu’un qui passe, diverses choses comme ça (…) des petits éléments qui seraient disjoints, qui arriveraient les uns après les autres, sans se rencontrer. (…) Donc je me suis dit : une féerie, cela doit être des petits îlots. Des îlots qui ne se relient pas. C’était ma définition de la féerie au départ. (…) Mais malheureusement, les liens sont revenus. J’ai senti les choses se mettre en relation les unes avec les autres (…) et j’ai commencé à les mettre en relation. Comme sur une carte de géographie, des liens se tissaient. »

Le résultat est une œuvre originale en forme de mosaïque, un mélange entre réalité et fiction, avec des langages différents qui reflètent ces univers variés comme la langue écrite et parlée, le SMS, le rap ou les forums internet.

 

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