Francis avait 55 ans. Il s’est pendu dans son bureau à La Fère, dans l’Aisne. Dans un mail d’adieu adressé à la direction, il disait souffrir d'un manque de reconnaissance.
Selon Régis Blanchot, du syndicat SUD-PTT, Francis était en conflit avec ses supérieurs. « Cette personne s’est beaucoup investie dans le bureau où elle travaillait. Et, à la limite, on lui reprochait d’être trop consciencieux dans son travail, de passer trop de temps dans des vérifications, alors que c’est vraiment un travail indispensable. Mais aujourd’hui, à La Poste, c’est toujours plus de productivité. Pour beaucoup de postiers, c’est une situation qui est insupportable », affirme-t-il.
Pour Bernard Dupin, administrateur CGT de l’entreprise, le mal-être persistant des salariés de La Poste est la conséquence directe de la politique adoptée par sa direction. « Les différentes responsabilités se situent dans la stratégie qui est développée depuis des années, à savoir non plus d’aller vers un service public qui puisse répondre aux besoins de la population, mais vers un service marchand. C’est-à-dire qu’on recherche des dividendes à tout prix, la rentabilité. Et pour ce faire, on détruit des emplois. Si on continue comme ça, il n’y a aucune raison pour que ces cas malheureux de suicides s’arrêtent ».
La direction de La Poste, de son côté, assure dans un communiqué que toutes les mesures seront prises pour établir les circonstances de la mort tragique de Francis. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, ont présenté ce vendredi 2 novembre leurs condoléances à la famille du postier.
Un révélateur
Ce suicide révèle un mal-être ressenti au travail par certains salariés et un manque de reconnaissance. Ce phénomène, qui touche de plus en plus les entreprises, a été mis en lumière par la mondialisation et la restructuration des sociétés depuis une dizaine d'années.