France : «un modèle contraceptif figé»

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l'Institut national d'études démographiques (Ined) viennent de publier une étude conjointe sur la contraception des Françaises. Ce travail, intitulé « Fecond », a permis d'interroger 5 275 femmes âgées de 15 à 49 ans, ainsi que 1 011 généralistes et gynécologues. Conclusion : la pilule recule, notamment chez les jeunes, tandis que les idées reçues entravent la diffusion d'autres moyens contraceptifs.

Légalisée en 1967 par la fameuse loi Neuwirth, la pilule reste le moyen de contraception le plus utilisé en France puisqu'une femme sur deux y a recours. De mère en fille, de copine à copine, ce moyen de contraception se recommande facilement : beaucoup de femmes estiment que la pilule est à la fois simple à utiliser et relativement efficace... à condition de ne pas l'oublier !

Elle participe aussi d'une forme de rite de passage, signifiant dans l'imaginaire collectif l'entrée dans une vie sexuelle assumée. En revanche, lors de leurs premiers apprentissages, la moitié des très jeunes filles s'en remettent plutôt à leur compagnon et au préservatif masculin, quitte à utiliser la pilule en plus du condom (pour 15% des 15-17 ans).

La dernière étude sur la contraception des Françaises remontant à l'an 2000, on note pour la première fois un recul de la pilule, notamment chez les plus jeunes : -4,4% chez les 18-19 ans, -5,8% chez les 25-29 ans, et surtout -10,4% chez les 20-24 ans.

Plusieurs raisons sont évoquées, au premier rang desquelles l'argument économique. En effet, la pilule coûte cher et n'est pas toujours remboursée, surtout pour les dernières générations micro-dosées. Certaines jeunes femmes, souvent à la recherche d'un emploi, préfèrent faire l'impasse sur cette dépense d'environ 40 euros par trimestre. D'autres se méfient de l'action des hormones sur leur santé, et se tournent vers des méthodes de contraception plus « naturelles ».

Le corps médical se méfie du stérilet

Décidément, les clichés ont la vie dure. La Haute autorité de la santé a beau marteler depuis des lustres que le stérilet peut être prescrit à une femme qui n'a pas encore eu d'enfant, rien n'y fait : redoutant des risques irréversibles d'infection, le corps médical fait barrage. Du coup, 1,3% seulement des 15-49 ans sans enfant y ont recours, alors que ce petit fil de cuivre évite bien des oublis et des grossesses non désirées. 69% des gynécologues et 84% des généralistes le réservent aux mères de famille et aux 45-49 ans, juste avant la ménopause.

L'implant, ce méconnu

Disponible en France depuis 2001, l'implant contraceptif ne fait pas recette alors qu'il est remboursé à 65% par l'Assurance maladie et est extrêmement fiable. Certaines femmes se méfient là encore de ce bâtonnet hormonal inséré sous la peau du bras, mais la plupart ne connaissent tout simplement pas son existence. Paradoxalement, les médecins le prescrivent surtout aux femmes les moins aisées ou à des femmes étrangères (23,5% contre 2,4% des Françaises). Sans doute parce qu'ils sont persuadés que dans ces deux cas « l'observance peut être défaillante ».

2,3% misent sur l'abstinence

Restent des moyens plus originaux ou radicaux. Diaphragme, préservatif féminin, méthode Ogino, méthode des températures pour pratiquer l'abstinence calculée, méthode Billings de régulation des naissances chez les catholiques pratiquantes... La stérilisation, enfin, a été légalisée en 2001 comme méthode contraceptive et elle concerne 3,9% des Françaises (0,3% des hommes).

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