Le vrai-faux départ de Bernard Arnault en Belgique

La Une du journal Libération, ce lundi 10 septembre, sur le possible changement de nationalité du milliardaire Bernard Arnault s’est imposée comme une provocation, un appel au débat. Elle a de ce fait déclenché des discussions enflammées au sein de la classe politique, mais également entre citoyens sur les réseaux sociaux. Depuis hier soir, chacun donne son avis avec Twitter en guise de passeport et les murs de Facebook comme lieu d’affichage militant…

Mise à jour : Le patron de LVMH, Bernard Arnault, a décidé de déposer plainte contre le journal Libération pour « injures publiques proférées à son égard », selon un communiqué.

La couverture du journal Libération montre une photo du milliardaire et première fortune de France, souriant, valise à la main, accompagnée du titre « Casse-toi riche con! ». Une allusion à peine voilée aux propos de l'ancien président Nicolas Sarkozy lors du Salon de l'agriculture en 2008. « S'il y a une certaine dureté, une certaine vulgarité à la Une de Libération, c'est précisément parce que la situation l'est aujourd'hui. La décision de Bernard Arnault contient aussi une dose de vulgarité que nous renvoyons dans un effet boomerang », souligne Vincent Giret, le directeur délégué de la rédaction de Libération.

Uccle, commune chic de Bruxelles

On en sait d’ailleurs maintenant un peu plus sur la « belgitude » de Bernard Arnault. Le patron du groupe de luxe français LVMH avait ainsi informé à la fin de l’année 2011, soit avant l’élection présidentielle, le maire d’une commune chic de Bruxelles qu’il souhaitait s’y installer. « C’est exact que M. Arnault est venu me voir à la fin de l’année dernière, souhaitant se domicilier et s’installer à Uccle », a indiqué Armand De Decker, maire de cette commune du sud de Bruxelles, située à proximité de l’immense forêt de Soignes. Uccle est une commune résidentielle, tranquille et très verte…

« Cracher sur le symbole, c’était un peu la goutte d’eau pour moi »

La Une de Libération, c’est ce qui a motivé Héloïse Dion, membre de la délégation française pour le G20 Young Entrepreneur Summit, à créer une page Facebook intitulée : Groupe de soutien à Bernard Arnault. Elle sourit : « Les "j’aime" sur la page, ce n’est bien entendu pas pour le sauver. » Elle explique : « Hier soir, j’ai décidé de créer la page non pas pour venir en aide au premier patron de France, mais bien parce qu’il est le symbole d’une réussite. Cracher sur le symbole comme cela, c’était un peu la goutte d’eau pour moi. » Héloise Dion se pose en tant qu’entrepreneur : « Je ne veux pas faire un buzz. Mais à un moment je dis stop ! Je souhaite du respect aussi pour ceux qui veulent créer. » La page de soutien démarre doucement, mais les commentaires vont bon train… Sur Twitter ou les murs Facebook des particuliers, c’est un peu du même ordre, avec des débats très tranchés. On y retrouve souvent les mêmes arguments que ceux de la classe politique. On découvre aussi beaucoup d’illustrations pour appuyer les propos, d’un camp comme de l’autre… (voir plus bas)

Valérie Pécresse : « Ma nationalité, c’est mon bien le plus précieux »

Dans la classe politique, c’est la bagarre à la Astérix et Obélix. Car quand Valérie Pécresse (UMP) explique sur i-Télé : « Je ne le comprends pas […]. Ma nationalité, c’est mon bien le plus précieux. Etre Français, pour moi, c’est le bien le plus précieux et je n’y renoncerai pour rien au monde », l’ex Premier ministre UMP François Fillon se dit quant à lui « choqué » par ce qu’il qualifie de « déchaînement d’insultes » autour du patron de l’empire du luxe LVMH. « Ça me choque profondément qu’un grand patron d’une grande entreprise française soit contraint à des attitudes comme celles-là », commente sur Europe 1 le député de Paris. « Mais ce qui me choque encore plus, c’est le déchaînement d’insultes et de violences ».

Du « poujadisme de gauche » selon Copé

Héloïse, avec ses mots, explique : « Pourquoi les insultes ? Et pourquoi ne pas plutôt se remettre en question ? C’est vraiment grave de ne pas aller plus loin ! » Elle y voit un mépris des entrepreneurs : « Pour nous entrepreneurs, on bosse, on crée des emplois et on subit la vindicte populaire. » M. Copé a d’ailleurs vu dans les attaques contre le patron de LVMH, du « poujadisme de gauche ».

Nathalie Arthaud, « je dis : expropriation et qu’il parte ! »

Sur Twitter, ça s’invective et rigole aussi beaucoup, et ils sont nombreux à se féliciter de la couverture de Libération. Avec des réactions dignes de Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, qui a déclaré au sujet des patrons : « Il y a une chose qui compte pour eux, leur portefeuille. Ils sont insatiables ! Au lieu de céder à son chantage, je dis : expropriation et qu’il parte ! Bon débarras, mais on garde tout, jusqu’au dernier centime d’euro. »

Jean-Luc Mélenchon, « Moi, je serais Belge, ça me vexerait à mort »

L’ex-candidat du Front de gauche à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, a lui estimé dimanche que « les riches » qui, comme le patron de LVMH, veulent s’installer à l’étranger, sont des « parasites ». « C’est humiliant pour nous Français, pour nous Européens. La liberté de circulation des capitaux est totale en Europe [...]. C’est humiliant pour les Belges. Qu’est-ce que c’est que ce Belge de circonstance qui va avoir une nationalité uniquement pour faire de l’argent ? Moi, je serais Belge, ça me vexerait à mort », a dénoncé le co-président du Parti de gauche.

 

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