Dans le quartier de Pigalle, à Paris, les bars montants sont légions. Néons roses et rouges en vitrine, affichent la couleur : ici la prostitution est reine. Sur la place Pigalle, chose peu commune, une vingtaine de travailleuses et travailleurs du sexe manifestent. Une pétition circule, une banderole « non à la pénalisation » est déployée.
Intérêt public
Cheveux peroxydés, jupe courte, madame Lisa, perchée sur des talons de 15 cm, est vent debout contre le projet d'abolition de la prostitution, présenté fin juin par la jeune ministre des Droits des femmes. « La seule chose que je comprends, objecte-t-elle, c’est que c’est une gamine. A 25 ans, 26 ans, on n’a pas vécu, on n’a rien fait [ Najat Vallaud-Belkacem aura 35 ans en octobre, ndlr] ».
« Donc, poursuit-elle, qu’elle retourne à l’école, qu’elle lise un petit peu et qu’elle se rende compte que, de toutes façons, même si la prostitution n’est pas le plus vieux métier du monde, c’est un métier qui est très utile, voire même - comme on dit chez nous - d’intérêt public. En tous les cas, nous avons notre place ici et ce n’est certainement pas à elle de nous faire partir. »
Et madame Lisa, péripatéticienne depuis vingt ans, d'ajouter : « la majorité des prostituées souhaitent les mêmes choses que les autres travailleurs : des fiches de paie, la sécurité sociale et surtout le droit de choisir librement son métier. »