France : la diversité fait une entrée timide au palais Bourbon

A l'occasion de la rentrée parlementaire, l'Assemblée nationale offre un nouveau visage. Sur les 577 députés, elle en compte dix issus notamment de l'immigration subsaharienne et maghrébine qui s'ajoutent aux élus ultra-marins. Ils forment tout juste 1,8% des élus dans les rangs de l’Assemblée alors que les personnes issues de la diversité représentent plus de 10% de la population totale française.

Plus jeune, plus féminine, les Français ont découvert une Assemblée plus diversifiée ce mardi 25 juin. Seul bémol : sur les 577 députés, seulement une poignée est originaire de l'Afrique subsaharienne, du Maghreb et de l’outre-mer. En France, le modèle en politique « reste un homme blanc, quinquagénaire, surdiplômé, souligne Vincent Edin, journaliste indépendant.  « Si l'Assemblée nationale n'a pas à être l'exact miroir du pays, poursuit-il, elle offre aujourd'hui une véritable caricature de la société française ».  

Co-auteur avec Saïd Hammouche d'un ouvrage sur les discriminations, Vincent Edin n'est pas surpris par cette avancée timorée. « Le problème, dit-il, c'est le manque de renouvellement en politique, ces élites semblent se reproduire. Trop de gens en font un métier et ne veulent pas laisser leur place, et quand ils le font c'est parfois sous la contrainte, ils ont du mal à l'accepter ». Au palais Bourbon, dans les rangs de l'hémicycle, les députés de la diversité font leur entrée. Ils ne sont qu'une petite dizaine, issus des rangs de la gauche.

Des circonscriptions estampillées «diversité»

En effet, le Parti socialiste est l'un des seuls partis à avoir joué le jeu de la diversité pendant les législatives, en investissant certains candidats là où ils avaient de véritables chances de l'emporter. Seuls les candidats issus de l'immigration ou des DOM pouvaient s'y présenter. Parmi les visages connus celui de Razzy Hammadi, qui a remporté la 7ème circonscription de la Seine-Saint-Denis.
 

Secrétaire national du PS, il franchit pour la première fois les portes du palais Bourbon. Ce fils d'immigré issu d'un milieu social défavorisé s'est imposé dans le paysage politique : « Je suis fier de mes origines mais non, je ne suis pas un élu de la diversité », affirme-t-il. On note également l'arrivée de l'avocate en droit des affaires Seybah Dagoma, d'origine tchadienne, une figure de la diversité moins connue que celle du député Malek Boutih qui va siéger à ses côtés. 

Aujourd'hui plus que jamais des voix s’élèvent. Des élus et des associations comme l'Aneld, l'Association nationale des élus locaux de la diversité, réclament une Assemblée à l'image de la France. C'est le cas aussi du Conseil représentatif des associations noires, le Cran, qui lance avec d'autres le « caucus de la diversité ». L'objectif est de peser sur les investitures dans les partis politiques et d'autre part de peser aussi sur les politiques publiques, afin de mettre en place des mesures en faveur de l'égalité. 

« La discrimination que subissent les personnes issues de la diversité dans le monde politique est une injustice permanente », lance Louis-Georges Tin, le président du Cran. Il ne cesse de se mobiliser et milite pour une loi sur la représentation de la diversité dans la vie politique à l'instar de la loi en faveur de la parité votée par le gouvernement de Lionel Jospin. 
 
Pour ou contre une loi sur la diversité

Une loi sur la diversité en politique ? Certains sont contre, à l'instar du nouveau député socialiste Razzy Hammadi. Il propose de créer une fondation pour accompagner et offrir des réseaux aux jeunes qui veulent se lancer en politique.  Pour Jean-Jacob Bicep, député européen d'Europe Ecologie-Les Verts et délégué national en charge des régions et collectivités d'outre-mer, il y a une mesure urgente et simple à prendre. « Il faut, dit-il , mettre fin au cumul des mandats dans le temps ». Il s’agit d’un travail de longue haleine, car certaines de ces élites politiques ne sont pas prêtes à laisser leur place pour injecter de la diversité dans leur rang.  

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