Le rassemblement et l’unité apparaissent bien fragiles au sein de l’UMP, frappée par des querelles internes, et seuls les militants du parti donnent l’impression d’y croire encore. Pendant que les désaccords fleurissent à droite, à gauche en revanche, les candidats affichent leur détermination à obtenir la majorité absolue à l’Assemblée et le président François Hollande mène discrètement campagne afin d’éviter une cohabitation avec l’UMP. A l’extrême droite, les candidats du Front national sont galvanisés par le score sans précédent de Marine Le Pen à la présidentielle et espèrent remporter le maximum de sièges pour leurs députés. L’UMP doit ainsi être unie si elle veut limiter les pertes et peut-être atteindre son objectif : empêcher la gauche d’obtenir les trois cinquièmes des sièges du Parlement, soit l’Assemblée nationale et le Sénat. Si le PS obtient ce score, il pourra alors voter toute réforme constitutionnelle.
La présidentielle de 2017 dans toutes les têtes
Fin mai, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a rappelé que la campagne des législatives devait prendre le pas sur celle pour la désignation du futur président de l'UMP, qui doit se tenir d'ici à la mi-novembre. Nul n’a oublié la violente passe d’armes entre le secrétaire de l’UMP et l’ex-Premier ministre François Fillon, qui avait affirmé qu'il prendrait toute sa part dans la compétition pour la tête du parti, l'UMP étant, selon lui, privée de « leader naturel » depuis la défaite de Nicolas Sarkozy. L’incident est paraît-il clos, mais il a laissé des traces sur ceux qui croyaient qu’aucune confrontation n’existait entre les deux ténors de l’UMP.
Il semblerait bien que, au grand désespoir des militants, la conquête de la présidence de l’UMP passe avant une mobilisation à l’unisson pour les législatives. Si rassemblement il y a entre les ténors du parti, il n’est que de façade. Le nouveau défi est de prendre la tête de l’opposition pour battre le Parti socialiste lors de la présidentielle de 2017. Un exemple de la confusion régnante : la mise en place de meetings nationaux avant le premier tour des législatives, projet tombé aux oubliettes faute de consensus, après avoir pourtant été longtemps évoqué. Se tromper de calendrier risque d’amener l’UMP à sa perte pour le scrutin de dimanche.
Le FN, pomme de discorde du parti
Autre thème de désaccord au parti : le positionnement à tenir vis-à-vis du Front national. Dans l’hebdomadaire Valeurs actuelles, Jean-François Copé a réitéré il y a quelques jours son refus de toute alliance avec le FN : « Il n’y a pas d’alliance possible, a-t-il affirmé, parce que, au-delà des accords de fond qui nous séparent, Marine Le Pen travaille à notre perte ». En effet, le secrétaire du parti a décidé d’exclure de l’UMP tout candidat qui s’allierait avec le FN. Ainsi, le 16 mai dernier, Olivier Eyraud, candidat aux législatives dans la deuxième circonscription de l'Ain, est le seul élu UMP à avoir répondu à l'appel lancé par Marine Le Pen à rejoindre le Rassemblement bleu Marine. Il a été aussitôt exclu par sa formation politique. C’est sous la bannière de candidat divers droite, soutenu par la dirigeante d'extrême droite, qu’il se présente donc pour le scrutin des 10 et 17 juin.
Pourtant, dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, le candidat UMP Roland Chassain appelle à tout mettre en œuvre pour faire battre le socialiste Michel Vauzelle. A l’hebdomadaire Minute, il confie être plus proche de Marine Le Pen que du PS : « Pour moi, c’est tout sauf Vauzelle! ». Alain Juppé, ex-ministre des Affaires étrangères et maire UMP de Bordeaux, a condamné cette pratique et a appelé à résister à la « tentation d’alliances tactiques avec le Front national, qui cherche à casser l’UMP pour battre la gauche ». Le mal est fait pour l’UMP, une nouvelle fois accusé par le PS, à tort ou à raison, d’avoir « perdu la tête » lors de compromis avec l'extrême droite.
Une stratégie commune pour le second tour ?
Au lendemain du premier tour, lundi 11 juin, l’UMP doit tenir un bureau politique extraordinaire pour analyser le scrutin et définir une stratégie commune à adopter pour le second tour. Si des triangulaires doivent avoir lieu, la droite républicaine a confirmé qu’elle maintiendrait son candidat. Ce scénario à trois est redouté à l’UMP. En 1997, quelques dizaines de députés de droite, dont l’actuel secrétaire général du parti, Jean-François Copé, avaient été battus lors de triangulaires. Cependant, elles ne devraient pas être trop nombreuses car la participation aux législatives est prévue comme faible. Il est clair que les Français, qui se sont passionnés pour la présidentielle, manifestent un désintérêt flagrant pour ce scrutin.
Enfin, le bureau devra s’attacher à gérer le casse-tête des éventuels duels PS/FN. Il risque de choisir la ligne du « ni l'un ni l'autre », déjà adoptée par Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé il y a un an aux cantonales. Mais le Premier ministre d’alors, François Fillon, avait pour sa part appelé à « voter contre le FN ». Plusieurs ex-ministres ont déjà fait savoir que, face à une telle alternative, ils voteraient pour la gauche. Les dissensions au sein de l’UMP ne datent donc pas d’hier…