Lors de la Rencontre annuelle des musulmans de France, organisée par l'UIOF au Bourget les 7 et 8 avril, notre envoyée spéciale a demandé aux hommes et femmes rencontrés quel bilan ils tiraient de la loi.
Autre éclairage, celui d'Ahmed Jaballah, président de l'Union des organisations islamiques de France :
Un point de vue qui rejoint celui de la sociologue Agnès de Féo, auteur également de plusieurs films sur le voile dont Sous la burqa en 2010 et Niqab hors la loi en 2011.
Selon elle, la loi a eu d’abord pour effet d’inciter les femmes à porter davantage le voile intégral ou niqab : «Un an après la mise en application de la loi contre le voile intégral, le bilan que l’on peut faire est plutôt négatif» car selon elle, le voile n’a pas disparu dans la rue, au contraire. «Même si maintenant on a l’impression qu’il y a moins de femmes en niqab dans les rues, cela ne veut pas dire qu’elles sont moins nombreuses puisqu’au contraire de plus en plus de femmes portent le niqab.»
Transgresser la loi
Agnès de Féo suit un groupe de femmes et pointe l’effet transgressif de la loi : «Dans mon échantillon, quoi s’élève maintenant à une centaine de femmes portant le niqab la majorité, une soixantaine, le porte depuis la loi. Donc, il faut bien comprendre que cette loi n’a fait qu’exacerber cette volonté de porter le niqab. A force d’en parler, ça leur a donné envie de le porter. Il y a aussi un effet très transgressif… »
Une loi ressentie comme islamophobe
La loi est par ailleurs ressentie comme islamophobe par les musulmans, poursuit Agnès de Féo : «Ce ne sont pas seulement les femmes, ce sont aussi les hommes qui ont compris tous que la loi était dirigée contre les musulmans et que le fait de viser seulement les femmes en niqab était juste un prétexte… On peut déclarer que cette loi est complètement islamophobe et les musulmans l’ont ressentie comme telle. Je pense que cela fait beaucoup plus de mal que de bien, évidemment.»
Les textes législatifs :
Les débats sur la loi devant le Conseil constitutionnel
La loi interdisant la dissimulation du visage dans les espaces publics d'octobre 2010