Habitués aux découvertes les plus surprenantes en matière de trafic de drogue ou de contrefaçons - car l’imagination des trafiquants est pratiquement sans limite - les douaniers de l’aéroport de Roissy, au nord de Paris, viennent d’effectuer cinq prises assez exceptionnelles par leur ampleur entre le 29 février et le 20 mars. Il ne s’agit pas en l’occurrence de stupéfiants, ni d’objets contrefaits mais de spécimens d’espèces animales et florales protégées par la Convention de Washington ou CITES (1), le texte adopté par 175 pays qui fait loi sur les espèces menacées.
Un inventaire hétéroclite
Plus de 60 caméléons en provenance du Cameroun, quelque 367 axolotls venus du Mexique, (des amphibiens très prisés dans la recherche médicale pour leur faculté à s’autogénérer), un ours polaire et un grizzly empaillés expédiés du Canada, des ivoires dissimulés dans un masque en bois fabriqué en Côte d’Ivoire ou encore des statuettes sculptées au Vanuatu dans un bois rare - le cycas - qui possède des vertus médicinales mais peut aussi s’avérer toxique voire mortel, voilà quelques-unes des saisies les plus marquantes effectuées ces dernières semaines par les douaniers de Roissy.
« La plupart des articles saisis étaient destinés à l’Ile de France mais d’autres l'étaient pour l’étranger » a indiqué à RFI Michel Horn, le secrétaire général des douanes de Roissy, lequel a précisé au passage que la fréquence de ces cinq saisies très rapprochées était « une pure coïncidence ». Entreposés dans un hangar de la zone aéroportuaire dont la localisation demeure secrète (afin de limiter au maximum les risques de cambriolages), tous ces biens ou objets saisis seront soit détruits soit confiés à des musées, à des associations ou des établissements spécialisés, notamment les animaux vivants qui nécessitent évidemment une attention particulière.
« Certains des animaux ont été retrouvés vivants mais d’autres étaient décédés en raison des mauvaises conditions de transport », a regretté M. Horn. « Pour l’instant, des enquêtes sont en cours pour déterminer les circonstances dans lesquelles ils ont été importés » a-t-il ajouté. Le responsable des douanes n’a pas non plus été en mesure de chiffrer la valeur des animaux, objets et plantes saisis. « Certains ont une valeur marchande, d’autres médicale et d’autres encore ont plutôt une valeur environnementale pour leur rôle dans la biodiversité », a-t-il spécifié. Le site internet Planetoscope évalue à 20 milliards de dollars par an le commerce illégal de la seule faune sauvage dans le monde, soit grosso modo l’équivalent du PIB de pays comme le Paraguay ou la Guinée équatoriale.
(1) Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction