Tuerie de Toulouse : Mohamed Merah a-t-il eu des complices ?

La garde à vue de trois proches du tueur de Toulouse vient d'être prolongée. Sa mère, son frère Abdelkader et la compagne de celui-ci sont susceptibles d’y rester jusqu’à dimanche 25 mars. Les enquêteurs tenteront de déterminer si Mohamed Merah a bénéficié d’une aide extérieure.

Si la justice a la conviction que Mohamed Merah a participé seul aux tueries, l’enquête doit encore déterminer s’il a agi pour le compte d’une organisation ou s’il a reçu un soutien logistique, car beaucoup de questions restent encore en suspens.

Les enquêteurs cherchent à déterminer comment un homme supposé vivre avec très peu de revenus a pu se procurer un tel arsenal, louer une Renault Mégane et trouver également un second véhicule.

Mohamed Merah a affirmé lors des négociations avec le Raid qu’il s’était financé en réalisant des cambriolages qui lui auraient rapporté l’argent nécessaire. Si c’est effectivement le cas, l’enquête devra déterminer s’il a eu le soutien de complices et si ces derniers savaient dans quel but cet argent était réuni.

Le rôle de la famille

Reste également l’hypothèse familiale. Les enquêteurs ont effectué mercredi 21 mars une perquisition au domicile d’Abdelkader. Ils ont trouvé des explosifs dans sa voiture. Or, tout comme son frère, Abdelkader était fiché comme intégriste religieux par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Il avait également été inquiété il y a quelques années pour une possible participation à une filière d’acheminement de jihadistes en Irak.

Les enquêteurs s’intéressent également à la mère de Mohamed Merah. L’adresse IP qui a permis de faire le lien entre la petite annonce sur internet du premier militaire tué et la famille Merah correspondait en effet à son ordinateur. Les policiers cherchent donc à déterminer si c’est Mohamed ou une autre personne qui a utilisé cet ordinateur.

De plus, selon le journal Le Monde, le beau-frère de Mohamed Merah appartenait à un groupe radical de l’Ariège, dont les membres ont été interpellés et condamnés pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » en 2009.
Les services de police ont mis à jour des liens entre ce groupe et les frères Merah. Mohamed avait d’ailleurs obtenu le permis de rendre visite en prison à l’un de ses membres, Sabri Essid, qui avait été arrêté les armes à la main à la frontière irako-syrienne.

Que vaut la piste al-Qaïda?

Les enquêteurs examinent également une autre piste, celle d’al-Qaïda. Mohamed Merah a dit aux enquêteurs avoir accepté une mission du groupe terroriste lors de son séjour au Pakistan.

En 2011, il se rend en effet dans la zone tribale du nord-ouest du pays. Ce séjour durera deux mois, Mohamed Merah devant rentrer en France à cause d’une hépatite. Le tueur affirme s’y être formé auprès d’al-Qaïda.

Selon Le Monde, il y aurait été pris en charge par le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO), un mouvement chargé d’encadrer les étrangers qui souhaitent combattre en Afghanistan.

Dernier élément, enfin, cette revendication des tueries, jeudi 22 mars, par un groupuscule lié à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Jund al Khilafah (« les Soldats du Califat »).
Le ministère de l’Intérieur n’a pour l’instant fait aucun commentaire sur ce sujet. Simple récupération ou preuve d’un lien avec les milieux terroristes, l’enquête le dira. 

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