« Je suis Fofana Youssouf, un jeune musulman d’origine africaine, de banlieue… » Chacune, ou presque, des quinze vidéos attribuées à Youssouf Fofana, le chef du « gang des barbares », commence par cette présentation sommaire. Entrecoupés de séquences de films diffusées sur son poste de télévision, les extraits le montrent lunettes noires vissées sur le nez et keffieh en couvre-chef, évoquant pêle-mêle les « combattants d’al-Qaïda », la cause noire, les Palestiniens... jusqu'à Nafissatou Diallo.
Il se décrit lui-même comme le « symbolique trophée de guerre détenu par les sionistes de New York » et présente le meurtre d’Ilan Halimi comme un acte dirigé « contre Israël et la communauté juive » donnant une connotation politique à son crime. Il prédit également son évasion, car « rien ne résiste aux pétrodollars salafistes ».
Provocation à la discrimination raciale
Hier mardi 6 mars, le parquet de Troyes a ouvert une enquête préliminaire pour « apologie directe et publique d'un acte de terrorisme », « provocation à la discrimination raciale et religieuse par parole, écrit, image par voie électronique » et « provocation non suivi d'effet au crime ou au délit ».
L’administration pénitentiaire, elle, n’a que très peu goûté à cet exercice, revélé par l'Est éclair. Si la fouille de sa cellule n’a rien donné, les indices apparaissant dans les séquences vidéo donneraient à penser que ces images ont bien été tournées dans celle-ci, avant d’être mises en ligne au mois de novembre dernier. Reste à savoir comment les vidéos se sont retrouvées sur la toile, et si la responsabilité pénale de Youtube est engagée.
Arrêté en Côte d’Ivoire, Youssouf Fofana a été condamné, en juillet 2009, à la prison à vie assortie de 22 ans de sûreté. Ilan Halimi, 23 ans, avait été enlevé puis séquestré pendant trois semaines afin d’obtenir une rançon. Il avait succombé à ses blessures, le 13 février 2006, à la suite de nombreux actes de torture.