Le 12 février dernier, pendant la cérémonie de remise des Baftas, les César britanniques The Artist, décrochait sept récompenses, dont le Bafta du Meilleur acteur. Mais la carrière du film a commencé bien plus tôt, lorsque Jean Dujardin a obtenu, à Cannes, le prix de la meilleure interprétation masculine.
A Los Angeles, en janvier dernier, il a raflé trois Golden Globes. Ce soir, il part grand favori pour les César. « J’avais une certaine culture du cinéma muet, mais j’ai quand même dû en regarder beaucoup pour comprendre les règles du jeu. Et très rapidement, j’ai eu le sentiment qu’une comédie et encore plus une comédie ironique ne tiendrait pas du tout la route sur une heure et demie. De là s’est imposé une histoire au premier degré et un travail qui ne serait pas un travail de parodie. Il s’agissait plutôt de créer le cadre dans lequel on va s’amuser, de faire un film de divertissement, un vrai film populaire », explique le réalisateur du film, Michel Hazanavicius.
Succès en salles
Un vrai film populaire, donc, qui ne joue pas du tout du deuxième degré. The Artist, sorti en France le 30 septembre dernier a été un énorme succès en salles. Au Royaume-Uni, il a totalisé 1,1 million d’entrées en moins de deux mois. Aux Etats-Unis, il a été vu par plus de 3,2 millions de personnes. Pourquoi cette popularité ?
Pour Joan Dupont, la critique de cinéma du International Herald Tribune, « le film touche beaucoup parce qu’il est un hommage aux origines du cinéma. Les Américains le perçoivent comme un hommage à une autre époque. On n’a pas besoin de comprendre le français pour aimer ce film. C’est le film français par excellence, mais il n’est peut-être pas vraiment perçu par les spectateurs comme un film français ».
Cela veut-il dire, pour autant, que le film a toutes les chances de rafler une moisson d’Oscar dans deux jours ? Certainement, d’autant que son distributeur américain, Harvey Weinstein, est un champion de la course aux Oscar. « Au début, les frères Weinstein ont tu le caractère français du film. Mais progressivement ils ont joué sur l’accent français de Bérénice Bejo et de Jean Dujardin qui ont fait campagne avec un naturel et un professionnalisme très rares », note Xavier Lardoux, le secrétaire général d’Unifrance, l’organisme chargé de la promotion du cinéma français à l’étranger.
Ambassadeur du cinéma français
Mais le succès de The Artist ne concerne pas que le monde anglo-saxon. En Espagne, The Artist a totalisé plus de 400 000 entrées en deux mois, 250 000 en Italie et 200 000 en Allemagne. « Cela va sans doute nous permettre de changer l’image du cinéma français et donc d’inciter des distributeurs étrangers à prendre plus de risques sur des films français, ajoute Xavier Lardoux. The Artist prouve que le cinéma français peut non seulement être artistiquement très fort mais aussi commercialement intéressant ».
Voila comment c’est à un film muet qu’aura échu l’honneur de porter au plus haut la bannière du cinéma français dans le monde. En attendant la conquête des Oscar, dimanche soir, rendez-vous ce soir à la cérémonie des César, à Paris, au théâtre du Châtelet.