« Cette décision m'appartient, ils n'ont pas à parler pour moi. Elle viendra quand j'aurai l'intention de la donner ». Christian Vanneste est en colère. Il vient d’apprendre que le bureau politique de l’UMP a annoncé son départ de la vie politique. Jean-François Copé le secrétaire général du parti majoritaire a en effet déclaré ce mercredi matin, 22 février, que Christian Vanneste lui avait donné « sa parole d’homme » qu’il allait « démissionner » et « quitter la vie politique ».
Le choix, pour le député du Nord, paraissait en effet limité. Ses propos sur la déportation des homosexuels ont provoqué un véritable tollé au sein du parti majoritaire la semaine dernière. Même Nicolas Sarkozy avait réagi en estimant que « ce type de propos tirent tout le monde vers le bas ». Jean-François Copé avait donc proposé son exclusion de l’UMP.
Christian Vanneste dément
Pour autant, Christian Vanneste dément formellement avoir décidé de ne pas se représenter dans sa circonscription du Nord. Selon lui, cette déclaration est un moyen de pression : « Ils ne pouvaient pas m’exclure car j’ai dit la vérité. La seule solution pour eux était d’annoncer mon retrait de l’investiture et de la vie politique ».
Il insiste en revanche sur son départ de l’UMP, un parti qu’il décrit désormais comme « misérable » au fonctionnement « anti-démocratique ». Echaudé par l’affaire, il n’exclut pas de se présenter contre le candidat UMP officiel aux législatives de juin prochain.
Une série de déclarations homophobes
Cette « sortie » de Christian Vanneste contre les homosexuels n’est pas la première. En 2004, dans une interview à la Voix du Nord, un quotidien régional, il déclare que l’« homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité ». Des propos qui lui ont valu d'être poursuivi devant la justice, jusqu'à la Cour de cassation, où il a été finalement relaxé, la cour estimant que ses paroles ne dépassaient pas « les limites de la liberté d’expression ».
En 2010, dans un blog, il persiste en rapprochant la pédophilie et l’homosexualité : « L'opposition outrancière entre pédophilie et homosexualité n'est […] pas fondée ». Malgré cette opposition déclarée, presque militante, envers l’homosexualité, l’UMP n’avait jamais sanctionné Christian Vanneste. Jusqu'à ses dernières déclarations sur la déportation des homosexuels.
Poussé à bout
La véracité de cette déportation a d’ailleurs fait rapidement débat entre les spécialistes du sujet. Serge Klarsfeld, historien et avocat de déportés a affirmé, en soutien des propos de Christian Vanneste, n’avoir « jamais vu de documents faisant état de la déportation d’homosexuels en France ». Mais Mickaël Bertrand, autre historien qui a dirigé l’ouvrage La déportation pour motif d'homosexualité en France, affirme au contraire, que ces documents existent bel et bien et qu’ils prouvent la déportation de 62 personnes pour motifs d’homosexualité.
Ces dérapages homophobes de Christian Vanneste ne sont donc pas les plus violents qu’il ait portés contre les homosexuels. Ont-ils poussé à bout la patience de l'UMP déjà bien mise à mal ? Ou s'agit-il plus prosaïquement d'une question de contexte, d'un moment particulièrement mal venu, au coeur de la campagne présidentielle, qui a provoqué la réaction cinglante de la part du parti présidentiel ? La vidéo de l’interview de Christian Vanneste a en effet été mise en ligne la veille de la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy… Quoi qu’il en soit, de part et d'autre, la fracture semble dorénavant impossible à réduire.