La justice ménage l'ancien ministre Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt

Le trafic d'influence a été retenu dans la mise en examen d'Eric Woerth, l'ancien ministre du gouvernement Fillon, mais pas celui de financement illicite. Ainsi le parquet de Bordeaux, chargé de l'instruction, en a-t-il décidé ce 8 février 2012. Cette comparution s'achève sur un moindre mal pour l'ex-trésorier de l'UMP.

Avec notre envoyé spécial au parquet de Bordeaux, Franck Alexandre

À l’issue d'une audition fleuve, les juges d’instruction bordelais n’ont retenu pour la mise en examen qu’une partie des faits litigieux. Exit pour le moment le financement illicite de partis politiques. Par manque de preuves matérielles, les magistrats n’ont pas pu étayer les allégations de Claire Thibout, l’ex-comptable de Liliane Bettencourt.

À plusieurs reprises, celle-ci a affirmé aux enquêteurs avoir préparé des enveloppes d’argent liquide pour Eric Woerth, de l’argent destiné, selon elle, à financer la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. A deux mois du premier tour de l’élection présidentielle, le fait que le financement politique illicite ne soit pas retenu est assurément un motif de soulagement pour la majorité.

Reste donc le trafic d’influence passif. Cette accusation porte sur l’embauche de la femme d’Eric Woerth en 2007 chez le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, suivi en 2008 de la remise de la Légion d’honneur par le ministre au même gestionnaire de fortune, Patrice de Maistre. Ce dernier étant également membre du Premier cercle, le club des donateurs fortunés de l’UMP (Union pour un mouvement populaire).

A l’issue de cette audition qui aura duré douze heures, l’ex-ministre et trésorier de l’UMP n’a fait aucune déclaration. Eric Woerth est actuellement impliqué devant la Cour de justice de la République pour une affaire de prise illégale d’intérêt. Il est soupçonné d’avoir bradé en mars 2010, alors qu’il était ministre du Budget, une parcelle de 57 hectares de la forêt de Compiègne, à côté de Paris. La vente s’est faite au profit d’une société hippique pour un prix trois fois inférieur à celui du marché. Une affaire toujours à l’instruction.

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