Avec notre correspondante à Kaboul, Marie Normand
En avril 2011, Abdul Sabor se présente une première fois devant l'armée afghane. Il veut s'engager mais n'a pas de papier d'identité en sa possession, ce qui est courant en Afghanistan. Le militaire chargé du recrutement lui propose alors de payer l’équivalent de 8 euros pour produire des faux, procédé que la nouvelle recrue accepte. Il sert alors l'armée pendant huit mois, avant de déserter.
« Quelques temps plus tard », le procès-verbal n'est pas plus précis, Abdul Sabor s'engage à nouveau, en utilisant le même procédé : pot-de-vin et faux papiers. Et c'est moins de deux mois plus tard qu'il ouvre le feu sur les soldats français. Ces révélations étonnent peu finalement en Afghanistan où les services de sécurité sont gangrénés par la corruption. L'armée locale, qui a besoin de bras et connaît un très fort taux de désertion, est réputée pour ses recrutements minutes.
Même le chef de l'armée afghane, que nous avons pu interroger, admet qu'il y a « urgence à renforcer le processus de sélection ». Il assure qu'on demandera désormais des garants sérieux aux nouvelles recrues, que les services secrets seront aussi mieux impliqués. Il admet cependant qu'il sera toujours possible à un élément mal intentionné de passer entre les mailles du filet.