Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen se disputent la mémoire de Jeanne d’Arc

A trois mois et demi de la présidentielle en France, Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen honorent cette fin de semaine la mémoire de Jeanne d'Arc, un de ces personnages emblématiques de l'histoire de France régulièrement utilisés pour exalter l'unité du pays. Mais les autres politiques de premier plan ne veulent pas leur en laisser l'exclusivité.

 

C'est à croire que certains candidats à la présidentielle entendent, comme Jeanne d'Arc,  des voix. Les voix qu'ils doivent conquérir en vue des échéances électorales, bien sûr. Car à moins de quatre mois du premier tour, tous les gestes, tous les symboles comptent. Même s'il n'est toujours pas officiellement candidat, Nicolas Sarkozy le sait. C'est pour cela que le président de la République s'est rendu à Domrémy-la-Pucelle, dans la maison de natale de Jeanne d'Arc, avant de raconter l'histoire de l'épopée de celle qui est devenue une sainte pour l'Eglise et un personnage historique pour la France.

« Jeanne n'appartient à aucun parti, aucun clan », a-t-il martelé, comme il l'avait déjà fait en 2007, avant de citer longuement ce qu'avait écrit André Malraux, ministre du général de Gaulle, autre héros dans l'inconscient national, à propos de Jeanne d'Arc.

« Nicolas Sarkozy court après moi »

Marine Le Pen, présidente du Front National, qui revendique la continuité dans la célébration depuis trente ans, affirme se réjouir de cet hommage. « Jeanne d'Arc appartient à tous les Français », dit-elle. Tout de même, non contente de la traditionnelle célébration du premier mai par son parti, Marine Le Pen a décidé elle aussi de célébrer, au lendemain du déplacement présidentiel, les 600 ans de cette date de naissance contestée par nombre d'historiens.

Dans l'hommage présidentiel, elle voit la preuve que c'est son parti qui est au centre du jeu politique et qu’il impose les idées autour desquelles les autres se positionnent. Pour autant, Marine Le Pen affirme qu'elle n'est pas aveugle et qu'elle voit bien qu'en allant en Lorraine célébrer le 600e anniversaire de la naissance de Jeanne d'Arc, selon une date souvent contestée, Nicolas Sarkozy lui « court après ».

« Qu'il sache que j'ai des convictions plus fortes, et j'ai un coeur plus pur et des jambes plus longues », a-t-elle ajouté. Pour la candidate du Front national, Nicolas Sarkozy incarne l'exact contraire des valeurs qu'elle prête à Jeanne d'Arc : le combat, la liberté, la souveraineté et la défense de la France et des Français.

« Un symbole ultranationaliste »

Elle n'est pas la seule à faire ce reproche au locataire de l'Elysée. Le candidat souverainiste Nicolas Dupont-Aignan dénonce quant à lui « une imposture » puisqu'elle voulait « Libérer la France » et que Nicolas Sarkozy, lui, l'a « mise sous tutelle ».

Harlem Désir renvoie tout le monde dos à dos. Le numéro deux du Parti socialiste assure que Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen sont « sans doute les moins bien placés » pour rendre hommage à Jeanne d'Arc puisqu'ils « passent leur temps à diviser les Français ». Les socialistes n'ont pas du tout eu non plus l'intention de laisser la bergère de Domrémy à qui que ce soit. L'ancien Premier ministre Laurent Fabius, par ailleurs président de la communauté urbaine de Rouen où Jeanne d'Arc fut brûlée vive annonçait, il est vrai en novembre, c'est-à-dire il y a une éternité dans le temps médiatique, la création d'un historial consacré à l'héroïne de l'histoire de France.

Finalement, seule la candidate écologiste Eva Joly ne revendique pas le souvenir de Jeanne d'Arc à l'appui de sa campagne. Lorsqu'elle en parle, c'est pour évoquer, avec sa franchise habituelle, « un symbole ultranationaliste ».

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