Marseille fait face à une surenchère de violence

La mort de trois personnes, dont les corps ont été trouvés calcinés lundi 26 décembre dans une voiture aux Pennes-Mirabeau, à l’entrée de Marseille, pose la question d’une criminalité en augmentation ces dernières semaines. Modes opératoires dignes de films policiers, armes de guerre : en matière de violence, les trafiquants marseillais sont passés à la vitesse supérieure.

La découverte de trois corps calcinés dans une voiture près de Marseille dimanche soir relance le débat sur une criminalité particulièrement violente ces dernières semaines dans la cité phocéenne. Les résultats de l’autopsie des corps des trois jeunes hommes, âgés d’à peine vingt ans, montrent qu’ils ont été tués par balles avant l’incendie. Ce probable règlement de comptes - un impact de balle a été retrouvé sur la voiture brûlée – s’ajoute à divers faits de violences recensés ces dernières semaines, et même depuis le début de l’année 2011.

Des violences qui marquent notamment par les moyens employés, impressionnants, relevant plutôt du grand banditisme que du trafic. Avant les trois corps des Pennes-Mirabeau, celui d’un homme de 27 ans a été retrouvé le 19 décembre dans une voiture en feu à Septème-les-Vallons, à quelques kilomètres de là. Il avait reçu une balle dans la tête.

Interrogé lundi 26 décembre sur France 2, le préfet délégué à la sécurité en Provence Côtes d’Azur, Alain Gardère, voit dans les violences de ces derniers jours « le résultat d’une lutte entre individus dans le domaine du trafic de stupéfiants. » Il souligne que « ce mode opératoire [dit « méthode barbecue », qui consiste à calciner les corps pour les faire disparaître] avait disparu depuis août dernier. Aujourd’hui, il réapparaît : c’est sans doute le signe de ce que quelques individus veulent s’approprier le marché des stupéfiants dans certaines cités, et pour ça, n’hésitent pas à utiliser des moyens hors norme en matière de violence ». Avec pour but, entre autres, de rendre le travail des enquêteurs plus difficile, notamment dans l’identification des corps et des circonstances exactes des meurtres.

« Une surenchère sur l'emploi des armes »

Autre mode opératoire : l’usage de la kalachnikov, qui tend à se banaliser. Arme de guerre peu coûteuse (entre 2 000 et 2 500 euros en France), autrefois apanage du grand banditisme, elle fait désormais partie des armes couramment utilisées par des personnes qui souvent la connaissent mal. Le 28 novembre dernier à Marseille, c’est un magasin de bricolage qui en a été victime. Mais le 22 décembre, elle a coûté la vie à un mineur de 17 ans, tué de 7 balles de AK-47, l’autre nom de la kalachnikov, dans une cité de Marseille. Un homme de 18 ans soupçonné du meurtre a été mis en examen lundi.

« Nous avons en France un gros problème de trafic de stupéfiants, affirme Fabrice Rizzoli, spécialiste de la mafia et représentant en France de l’ONG Flare, qui lutte contre le grand banditisme. Les gens s’organisent de plus en plus. Il y a une rivalité pour contrôler son propre territoire. Le résultat, c’est une surenchère sur l’emploi des armes. » Mais pour lui, ce n’est pas une raison pour armer davantage la police des Bouches-du-Rhône, dont le gouvernement a accepté qu’elle soit équipée de fusils à pompes. « Si ces gens-là utilisent des kalachnikovs, c’est qu’ils défendent un territoire qui rapporte beaucoup d’argent : c’est d'abord cela qu’il faut réduire ! »

Ces crimes en série laissent toute latitude aux réactions politiques, comme celle de Marine Le Pen qui s’est exprimée lundi 26 décembre : « Le gouvernement de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant est en déroute totale face à cette explosion des violences. Hier symbole de sa stratégie de communication, Marseille est aujourd'hui devenue le plus triste symbole de l'échec lamentable du gouvernement », estime la présidente du Front National, jusqu’ici la seule à avoir réagi publiquement à la tuerie de dimanche 25 décembre.

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