Série de fusillades meurtrières à Marseille

Deux hommes ont été mis en examen ce vendredi 2 décembre après les trois fusillades à l’arme de guerre qui ont endeuillé Marseille cette semaine. Au même moment, des centaines policiers se sont rassemblés en silence devant la préfecture de police, en soutien à leur collègue grièvement blessé à Vitrolles. Retour sur une semaine meurtrière dans la cité phocéenne.

Ni slogan, ni banderole. Ce vendredi, c’est spontanément que quelque 600 policiers se sont rassemblés devant la préfecture de police de Marseille pour apporter leur soutien à leur collègue blessé dans une première fusillade à Vitrolles. Et pour dire leur mécontentement.

« C’est un mouvement de colère et de protestation face à la montée de la violence. Il ne se passe plus une journée à Marseille sans que l’on parle d’un braquage, d’un règlement de comptes ou d’une fusillade à la kalachnikov », a souligné Fabrice Hiller, secrétaire régional du syndicat Unité SGP Police.

Il faut dire que le bilan de la semaine est lourd. Trois fusillades, trois morts et trois blessés graves en moins de sept jours dans la cité phocéenne et ses environs.

Course-poursuite

La première fusillade a lieu dans la nuit de dimanche à lundi. Des malfaiteurs en plein cambriolage sont repérés par la Brigade anti-criminalité (BAC) près de Vitrolles, au nord-ouest de Marseille. Une course-poursuite s’engage, à l’issue de laquelle les quatre malfrats ouvrent le feu. L’un d’entre eux est tué par la balle de l’un de ses complices. Un policier est touché par une rafale de kalachnikov. Jeudi soir, il était toujours entre la vie et la mort.

Hold-up

Quelques heures après cette première fusillade, lundi 28 novembre, des tirs retentissent à Marseille, dans le quartier Saint-Just. Un magasin de bricolage est en train d’être braqué par des hommes en armes. Un homme d’origine roumaine est abattu par les policiers qui répliquent aux tirs des malfaiteurs.

Ses deux complices présumés, deux Marseillais âgés de 21 et 22 ans armés de kalachnikov, ont été interpellés ce vendredi. Déjà plusieurs fois condamnés pour vol à main armée, ils risquent la prison à vie.

Règlement de comptes ?

Jeudi soir, une nouvelle fusillade éclate. Cette fois c’est un snack du XVe arrondissement qui est le théâtre des événements. Un homme est entré et a ouvert le feu. Une trentaine de douilles et d’impacts ont été relevées sur place. Bilan : un mort et un blessé grave, tous deux connus des services de police mais pour des faits anciens. Selon Jacques Dallest, procureur de la République à Marseille, « il pourrait s'agir d'un règlement de compte mais il est difficile pour l'instant d'en préciser le motif ».

La kalachnikov, arme fétiche des délinquants

Et dans cette guerre des gangs, c’est une arme de guerre, la kalachnikov, qui a la préférence des malfaiteurs. A chaque fois en effet, le fusil d’assaut s’est retrouvé impliqué dans les fusillades. Fiable et peu coûteuse, c'est l'arme à la mode dans les affaires de banditisme et les règlements de compte. Un « phénomène affolant » selon le quotidien La Provence qui revient sur cette banalisation de la kalachnikov dans les faits divers. Même si, selon le journaliste Jérôme Pierrat, spécialisé dans le crime organisé, « il faut arrêter de fantasmer sur des centaines d'armes ».

De quoi relancer en tout cas le débat sur la sécurité dans les quartiers nord. Mardi, après les deux premières fusillades, Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, avait réclamé dans un communiqué « la plus grande fermeté afin de punir les auteurs des faits ». Et il parlait déjà de « bilan particulièrement lourd qui témoigne d'une escalade de la violence et de l'armement des délinquants ».

Guéant félicite la police

Venu louer l’action de la police marseillaise, « extrêmement active » vendredi matin, Claude Guéant a renouvelé sa confiance à Alain Gardère, nommé préfet délégué à la sécurité dans les Bouches-du-Rhône en août dernier. Le ministre de l’Intérieur a reconnu « une recrudescence d’actes très graves, des assassinats à l’arme de guerre » et « un défi nouveau qu’il faut relever ».

Mais « la situation à Marseille dans le domaine des atteintes à la sécurité du quotidien s'améliore depuis quelques mois et le sentiment des Marseillais le confirme », a-t-il également jugé. Il y voit notamment l'effet d' « un certain nombre d'interpellations dans des lieux où il était devenu admis que la police ne pouvait plus intervenir que difficilement ».

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