François Fillon pris les mains dans le Twitter

On a appris ce week-end que François Fillon possède un compte Twitter. Rien de bien surprenant à cela dirons-nous, c’est même rassurant. Ce qui est plus amusant, c’est d’apprendre comment le Premier ministre qui se dissimulait sous un pseudo s’est fait démasquer. Et de découvrir que sur internet, rien n’est plus compliqué que d’avancer sous un pseudo quand on est célèbre.

Tout commence par une forfanterie. Le 2 décembre, le député UMP Jérôme Chartier, un proche de François Fillon, déclarait sur son propre compte Twitter que le chef du gouvernement l'avait informé qu'il twittait incognito. « Une bouteille de champagne à celui qui le découvrira », lance-t-il. Le défi sera relevé.

« En tout, cela m’a pris à peine 15 minutes »

Pour découvrir François Fillon et son compte Twitter anonyme, Stéphane Marchau, enseignant et informaticien, explique dans un article de L'express.fr : « J'ai tout simplement lancé un programme de crible, qui permet d’éliminer les noms en les passant à la moulinette.» Dit comme cela, on ne comprend pas forcément très bien. La première étape du travail est pourtant plus claire : «  Je suis parti du compte de Jérôme Chartier, j’ai regardé qui le suivait, éliminé les journalistes et les gens connus : quand on prend un pseudo, on choisit un nom anonyme en général. Cela a déjà beaucoup réduit la liste des possibles. » Un autre tri s’annonçait ensuite : « Parmi ceux qui restaient, j’ai regardé quelles étaient les personnes qui étaient dans le même domaine que le compte concerné : ceux qui suivaient aussi des politiques, par exemple. » Et la manipulation informatique finale pouvait commencer : «  J’ai ensuite comparé les comptes au moyen d’un programme qui permet de déterminer quelles sont les personnes identiques (même univers, même domaine de compétences) à la cible. En quelques minutes, j’ai obtenu quatre ou cinq noms. »

Tout devient alors très simple pour Stéphane Marchau : « Un était une femme, donc peu probable. Un était un robot, il y en a sur Twitter. Il restait aussi @fdebeauce. Une rapide recherche sur google m’a permis de découvrir que François Fillon habitait le manoir de Beaucé, dans la Sarthe. En plus, il n’avait fait qu’un seul tweet, qui mentionnait sa rencontre avec le Premier ministre japonais. C’était facile. En tout, cela m’a pris à peine 15 minutes. »

Un Sherlock Holmes des temps modernes

En langage internet, cela s’appelle le stalking on traque une personne sur la Toile. Il y avait les spams, des messages non désirés récurrents et agaçants qu’on reçoit dans nos boîtes aux lettres électroniques, un terme directement inspirés d’un sketch des Monty Python et d’un jambon en boîte peu ragoutant. Il y a le cyberstalking où stalking. Une façon d’agir qui peut ressembler à du harcèlement dans sa formule agressive, mais qui, dans sa forme Sherlock Holmes des temps modernes, est une façon de découvrir qui est qui, qui se cache derrière quoi, à la façon d’un "je-sais-que-tu-sais-que-je-sais"… et ces images spéculaires qui se conjuguent à l’infini. On se plaît à imaginer que la fable philosophique d’Andrey Tarkovski Stalker se rapproche de ce genre de démarche intrigante.

Quatre tweets dont un pour rectifier la faute d’orthographe du précédent

Le Premier ministre, François Fillon, a donc reconnu dimanche s'être inscrit sur le réseau social sous ce pseudonyme, @fdebeauce (maintenant devenu @lazlo25). Il a tweeté : « Bravo à @smarchau qui m'a trouvé le premier et merci à tous mes followers ». Ils sont maintenant près de 5 000 à suivre ce nouveau compte d’un personnage politique qui a fait 4 tweets (excusez du peu) dont un pour rectifier la faute d’orthographe du précédent, passionnant !

 

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