Au Brésil : le réseau social Orkut résiste à Facebook

Au Brésil, Facebook gagne de plus en plus d'adeptes, mais le réseau social préféré des internautes, en termes d’audience, reste Orkut.com, signé Google. Avec environ 30 millions d’utilisateurs, il résiste partout, sauf dans le sud-est du pays. Présentation des réseaux sociaux au Brésil, un pays qui occupe la deuxième place mondiale en nombre de visiteurs dans ce domaine.

Au Brésil, on dit que les parents ouvrent un profil sur Orkut pour leur enfant avant même de déclarer sa naissance à l’état civil. Lancé par Google en janvier 2004, Orkut s’est rapidement popularisé dans le pays. Initialement réservé aux early-adopters, il a séduit les Brésiliens malgré le succès de Facebook. 29 millions sont inscrits sur ce réseau, selon une étude publiée au mois de septembre par l’institut Ibope Nielsen Online. Orkut représente ainsi 40,05% de l’audience du pays, alors que Facebook enregistre seulement 24,61%, selon un sondage d’Experian Hitwise. (vois l'ensemble des liens vers les sites mentionnés en bas d'article)

Comment expliquer cet engouement ? Selon le spécialiste en réseaux sociaux Zander Catta Preta, « un service (Orkut) peut avoir une position dominante avant de devenir leader dans son secteur. Pour casser cette inertie, Facebook devra conquérir de nouvelles audiences et gagner la masse », explique-t-il. De plus, Orkut a été, tout simplement, précurseur dans le genre. « Facebook a ouvert ses portes aux milieux non universitaires entre 2005 et 2006. Entre 2003 et 2008, il n’y avait donc qu’Orkut pour les Brésiliens. » Le Brésil représente 50% des inscriptions du site.

Sur Orkut, 2 005 930 d’internautes déclarent : « On est foutus, mais on s’amuse »

Un aspect du réseau qui séduit les utilisateurs d’Orkut est la possibilité de créer des communautés sur des thèmes diversifiés. Ces pages, très populaires dans l’univers en ligne brésilien, peuvent réunir plus de 3 millions de personnes. A titre d’exemple, « Je déteste me réveiller tôt » rassemble, à elle seule, quelques 3 381181 internautes. Ou encore : « On est foutus, mais on s’amuse », possède, quant à elle, 2 005 930 personnes. Plus sérieusement avoir un compte sur Orkut requiert l'invitation d'un abonné. Cette caractéristique rassure les internautes brésiliens, de plus en plus soucieux de leur vie privée. Car contrairement à Facebook, un profil sur Orkut ne peut pas être retrouvé sur les moteurs de recherche. De plus, chaque fois qu’une page est consultée, le site affiche la liste des profils des visiteurs, ce qui, en principe, décourage les voyeurs. D’autres études démontrent aussi que les internautes brésiliens, qui seraient environ 80 millions, passent quatre fois plus de temps sur Orkut que sur Facebook.

L’orkutisation de Facebook

Malgré son succès, Orkut perd de plus en plus de terrain face à Facebook. Les spécialistes appellent ce phénomène « l'orkutisation de Facebook ». Il existe une véritable migration d’un site vers l’autre. Ainsi, en nombre d’inscriptions, au mois d’août 2011, Facebook a dépassé pour la première fois Orkut, même si ce dernier reste leader en nombre de visites. L’étude publiée par Ibope Nielsen Online démontre que Facebook possède, à l’heure actuelle, 30,9 millions d’utilisateurs dans le pays, soit 1,9 million de plus par rapport à Orkut. D’ici un an, les prévisions laissent croire que le réseau de Mark Zuckenberg pourrait séduire définitivement les Brésiliens.

MSN le plus grand réseau au Brésil

Une étude publiée en juin par le cabinet Comscore Mediametrix montre que Windows Live Profile occupe la troisième place en nombre d’inscrits, chiffre qui a été probablement propulsé par l’utilisation de la messagerie instantanée MSN. Le spécialiste brésilien rappelle que, « probablement, il peut être considéré comme le plus grand réseau au Brésil», en nombre d’inscrits.

Les Brésiliens utilisent Twitter pour nourrir Facebook

Le réseau de microblogging arrive à la quatrième place, selon cette même étude, avec environ 12 millions d’utilisateurs, mais ce chiffre serait déjà obsolète. Selon un sondage réalisé par l’entreprise Experian Hitwise, Twitter regroupe en fait plus de 14 millions de Brésiliens. Véritable phénomène dans le pays : en 2009 il connaissait une augmentation du nombre d’utilisateurs d’environ 456% ! Au Brésil, le réseau se popularise mais est encore considéré comme un site avant-gardiste. D’après une étude réalisée par le cabinet Bullet, le profil du Brésilien connecté sur Twitter est l’internaute de classe moyenne/haute qui reste connecté plus de 50 h par semaine. La plupart, environ 60%, sont de jeunes adultes, Bac+5 en poche, qui habitent dans la région sud est du pays, la plus développée. Selon Zander Catta Preta, au Brésil, Twitter est un réseau complémentaire de Facebook et Orkut. « Les personnes utilisent de plus en plus Twitter pour nourrir Facebook, de la même façon qu’elles utilisent GetGlue et Foursquare. C’est une façon de publier instantanément des pilules d’information qui seront ensuite commentées sur Orkut ou Facebook. »

Sonico voudrait concurrencer Orkut et Facebook

Le réseau social anglais Badoo connaît un succès inattendu dans le pays et occupe, selon plusieurs études, la cinquième place dans le classement. Au Brésil, cela correspond à 2,23% de l’audience et il est devenu un site de rencontres pour les internautes à la recherche de l’âme sœur. Le réseau Linkedinest aussi très populaire au Brésil, où il compte environ 135 millions d’utilisateurs. Son usage est surtout professionnel. Le site argentin Sonico,l’un des plus prisés en Amérique Latine, s’est installé en 2009 avec pour objectif, selon son manager Alexandre de Freitas, de concurrencer Orkut et Facebook.Sonico compte actuellement 2 millions d’inscrits.

Des réseaux sociaux 100% brésiliens

L’idéedu site Cromaz est de rendre plus facile les rencontres entre voisins ! Créé en 2011 par Miguel Meirelles, Pablo Curty, Breno Meneghin et Daniel Guimarães, quatre jeunes Brésiliens de la ville de Belo Horizonte, dans l’état de Minas-Gerais, le réseau comptait, 3 mois après son lancement, 130 000 utilisateurs. L’objectif est rapprocher les internautes qui vivent dans un même quartier, immeuble ou environs.

Destiné aux étudiants en troisième cycle, le réseau ebaH regroupe des universitaires de tout le pays et enregistre plus de 11 millions d’accès par mois avec 1 million d’inscrits. Il propose un partage de documents scientifiques disponibles en téléchargement. Le site a été créé en 2006 par Renato Freitas, étudiant de l’école polytechnique de l’Université de São Paulo. Son objectif était d’économiser le papier utilisé pour les photocopies. « Je me suis rendu compte que la plupart de ce matériel, désordonnée, n’était plus consulté, donc c’était inutile de le photocopier », a-t-il raconté à la presse brésilienne. Le site est actuellement en pleine expansion, et le chiffre d’affaires en 2010 a été évalué à 600 000 R$, environ 260 000€.

 

Partager :