Le Sénat, dont la majorité vient de basculer à gauche, doit examiner le 8 décembre prochain une proposition de loi socialiste visant à accorder aux étrangers non européens le droit de vote aux élections locales.
Le texte prévoit d’offrir aux étrangers extracommunautaires (les Européens ayant déjà cette faculté) résidant depuis plus de cinq ans et en situation régulière sur le territoire national le droit de vote et d’éligibilité au conseil municipal. Mais ils ne pourront en aucun cas devenir maire, ni adjoint, au mieux simples conseillers municipaux. Ils ne pourront pas non plus participer à l’élection du maire par le conseil municipal.
Or ce lundi 28 novembre, le quotidien Le Parisien publie un sondage* qui vient conforter l’initiative des socialistes : une large majorité des personnes interrogées y est favorable. Cette proposition est même plébiscitée à 75% dans l’électorat de gauche.
À la question seriez-vous pour « étendre » le droit de vote aux élections locales aux étrangers venus de pays non membre de l'Union européenne, « en situation régulière et résidant en France depuis plus de 5 ans » ? 61% des personnes interrogées répondent par l'affirmative, 38% par la négative et 1% ne se prononcent pas.
L'acceptation en fort progrès ces dernières années
Dans le détail, l’enquête indique que les jeunes y sont plus favorables que les retraités. Les commerçants et artisans sont les plus rétifs, alors que les catégories les plus favorables sont les cadres supérieurs et les professions libérales (71%). On note aussi un décalage entre Paris et la province. C’est en Ile-de-France que les sondés se disent le plus favorables au vote des étrangers (72%)
Gaël Sliman, de l’institut de sondage BVA, note que « sociologiquement, le sujet fait presque l'unanimité ». Selon lui, « cette adhésion est majoritaire (mais à des niveaux très variables) dans la quasi totalité des catégories de population. L'adhésion passe ainsi de 75% auprès des 25-34 ans à 51% auprès des seniors et de 72% auprès des cadres à 60% auprès des ouvriers ».
Autre constat : « L'acceptation de ce droit de vote a fortement progressé depuis ces dernières années (+6 points depuis janvier 2010), tout particulièrement auprès des sympathisants de droite (+15 points), même si ceux-ci y restent majoritairement opposés. Ces derniers, rappelle-t-il, étaient seulement 28% à y être favorables en janvier 2010, ils sont à présent 43% ».
Sur un plan plus politique, Gaël Sliman juge que c'est « sans doute là le principal problème pour Nicolas Sarkozy », car « ce sujet est l'un des rares permettant à toute la gauche de se fédérer tout en divisant la droite ».
* Enquête réalisée par téléphone les 25 et 26 novembre 2011 auprès d'un échantillon de 980 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).