France : nouvelle polémique sur le droit de vote des étrangers

Au lendemain des propos de Nicolas Sarkozy critiquant une initiative socialiste sur le droit de vote des étrangers en France, les réactions sont vives dans la classe politique. Le président français qui a jugé « hasardeuse », mercredi 23 novembre, une proposition de loi socialiste que le Sénat doit examiner en décembre, se voit à son tour reprocher par la gauche d’avoir une « mémoire hasardeuse ». Tandis que pour Marine Le Pen, ce sont les convictions de chef de l’Etat qui méritent ce qualificatif, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a défendu ce jeudi les positions du chef de l'Etat lors du Rendez-vous RFI - France 24.

Le mot fait florès depuis 24 heures. Nicolas Sarkozy est le premier à l’avoir utilisé en relançant, mercredi 23 novembre, la controverse sur le droit de vote des étrangers extra communautaires en France. S’exprimant devant près de 3 000 maires de France réunis à l’Elysée, le chef de l’Etat a estimé « hasardeuse » la proposition de loi socialiste que le Sénat doit examiner en décembre prochain. Celle-ci vise à autoriser les étrangers hors-Union européenne résidant en France à voter aux élections municipales.

Ce texte risque en effet, aux yeux de Nicolas Sarkozy, « de diviser profondément les Français au moment où, plus que jamais, nous avons besoin de les rassembler ». Et d’ajouter : « Je crois depuis longtemps que le droit de voter et le droit d'être élu dans nos territoires doit demeurer un droit attaché à la nationalité française, étendue pour les élections municipales et européennes aux citoyens européens qui partagent avec nous une communauté de destin ».

« Si, a conclu le président, une personnalité de nationalité étrangère qui réside dans notre pays, qui respecte nos lois et nos valeurs, veut participer aux choix politiques de notre nation, alors mesdames et messieurs les maires, une voie lui est ouverte : cette voie c'est l'accès à la nationalité française ».

« Comme la girouette change avec le vent »

C’est la mémoire de Nicolas Sarkozy qui se révèle « hasardeuse », a répliqué le groupe SRC (socialiste, radical et citoyen) à l'Assemblée nationale. Ces députés rappellent qu'en 2005, Nicolas Sarkozy expliquait dans une interview « qu'il ne serait pas anormal qu'un étranger en situation régulière qui travaille, paie des impôts et réside depuis au moins 10 ans en France, puisse voter aux élections municipales ». Or ajoute le groupe SRC, « à peu de chose près, c'est exactement le contenu de notre proposition ». Avant de poursuivre en ironisant sur la position du président de la République, qui « comme la girouette change avec le vent ».

Le président socialiste du Sénat Jean-Pierre Bel a dénoncé lui aussi, jeudi 24 novembre, les « positions changeantes » de Nicolas Sarkozy. Tandis qu’à l’autre bout de l’échiquier politique, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a saisi la balle au bond, jugeant « hasardeuses » les convictions du chef de l’Etat : « Opposé à une telle extension du droit de vote dans les années 1990, il l'avait publiquement soutenue en 2001 puis en 2005, avant de nouveau de la rejeter. C'est toujours au gré des stratégies électorales et des sondages que Sarkozy se détermine. »

Appuyant en revanche les positions de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, conseiller spécial du chef de l'Etat, a estimé ce jeudi lors du Rendez-vous RFI - France 24, qu'instaurer un droit de vote des étrangers hors UE aux élections locales serait « désastreux », vu le « malaise » autour de la nationalité.

Partager :