Assassinat d'Agnès: polémique autour du suivi médico-judiciaire de son jeune meurtrier

Un mois avant sa majorité, Mathieu a violé puis assassiné Agnès, une collégienne de treize ans, interne comme lui du collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). En révélant qu'ils ne savaient rien de son passé au moment de son inscription, les responsables de cet établissement ont lancé la polémique : Mathieu avait en effet déjà violé une autre jeune fille en août 2010, et il était censé être suivi par la justice. 

Au moment d'accueillir Mathieu M., les responsables du collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) savaient que l'adolescent en question avait effectué quatre mois de détention provisoire, mais sans en connaître le motif. Le père n'avait pas révélé les raisons de cette incarcération, et le directeur n'avait rien demandé : « Nous n'avons pas à nous immiscer »,  plaide aujourd'hui l'un des responsables.

Faute d'éléments précis, Mathieu s'apparentait donc à un jeune en difficulté comme l'établissement en accueille souvent, et qui nécessitait surtout un suivi psychologique. Un profil somme toute plutôt banal. Concrètement, Mathieu a d'ailleurs été pris en charge par un psychiatre du Puy-en-Velay puis par un psychologue sur place, sans faillir à cette obligation et sans que quiconque n'émette de réserve à son encontre. Aux yeux de tous, Mathieu était un brillant élève de Première, s'étant rapidement intégré. 

Contraint de suivre un traitement

En fait, ni les parents de Mathieu ni la justice n'ont, selon ses dires, informé la direction du collège-lycée Cévenol des antécédents du jeune homme et du fait qu'il était placé depuis près d'un an sous contrôle judiciaire strict. Après avoir violé une collégienne en août 2010 dans le Gard, Mathieu ne pouvait en effet plus se rendre dans sa région d'origine, même pour voir sa famille. Il était contraint de suivre un traitement et de vivre en internat, loin de sa victime, en attendant son jugement.

Etablissement privé renommé, le collège-lycée Cévenol héberge au prix fort (12 000 euros par an) et dans un cadre privilégié des jeunes de bonne famille, ainsi que des adolescents nécessitant une rupture temporaire avec leur milieu d'origine. C'est la philosophie de cet internat d'excellence, fondé par des protestants. Son directeur affirme aujourd'hui qu'il n'aurait jamais accepté Mathieu, étant donné la gravité des faits qui lui étaient déjà reprochés. Surtout pas au sein d'un internat mixte et ouvert sur l'extérieur, sans surveillance particulière. 

Des « troubles de la personnalité »

Pour comprendre comment un nouveau drame a pu se produire la semaine dernière, tous les regards se tournent désormais vers la justice mais le parquet de Clermont-Ferrand soutient mordicus que la procédure a été suivie à la lettre, de même que les consignes des experts qui ont été consultés. C'est peut-être là que le bât blesse. Dans le cas de Mathieu, les médecins spécialistes du Gard ont en effet estimé qu'il présentait des « troubles de la personnalité » mais qu'il était « réinsérable et ne présentait pas de danger particulier ». L'un des gendarmes du Chambon-sur-Lignon qui l'a rencontré parle, quant à lui, d' « un pervers absolu ».      

    

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