Affaire Karachi : les renseignements français ont-ils joué un double jeu?

Suite en France de l’affaire dite de « Karachi » : jeudi l'homme d'affaires Ziad Takieddine, mis en examen pour corruption présumée, réclamait que Nicolas Sarkozy lève au plus tôt le secret-défense sur les contrats d'armement qui auraient pu aider à financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995. Aujourd'hui, cette affaire Karachi soulève de nombreuses autres questions. Le juge Trévidic, en charge du volet attentat de cette affaire, estime que c'est l'arrêt brutal du retour vers le Pakistan d'une partie des rétrocommissions générées par ces contrats d'armement qui aurait motivé l'attentat anti-français. Une piste qui semble t-il était connue de longue date des services secrets français.

Les services secrets français ont-ils joué un double jeu après l'attentat de Karachi en mai 2002 ? Un attentat qui a coûté la vie à onze ingénieurs français de la Direction de la construction navale (DCNS). D'après des documents classés secret-défense, et déclassifiés récemment, cette thèse semble se dessiner.

Marc Trévidic, chargé d'instruire le dossier attentat de Karachi, a semble-t-il, aujourd'hui, entre les mains la preuve que dès le lendemain du drame, le 8 mai 2002, la DST (Direction de la surveillance du territoire) a défendu simultanément deux versions différentes.

Alors que les services savaient pertinemment que l'attentat n'était pas le fait d'un kamikaze et que l'hypothèse d'un attentat-suicide commis par al-Qaïda était fausse, ils auraient néanmoins continué à accréditer cette thèse auprès des services judiciaires. Ainsi Jean-Louis Bruguière, le juge antiterroriste chargé de l'enquête a suivi cette voie jusqu'en 2007 date à laquelle le dossier a été confié à Marc Trévidic.

Quel sens donner à ce double jeu? S'agissait-il de coller à l'enquête pakistanaise qui accusait al-Qaïda, ou bien les services français ont-ils cherché à éviter d'autres pistes plus compromettantes pour une partie de la classe politique française ?

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