Les services secrets français ont-ils joué un double jeu après l'attentat de Karachi en mai 2002 ? Un attentat qui a coûté la vie à onze ingénieurs français de la Direction de la construction navale (DCNS). D'après des documents classés secret-défense, et déclassifiés récemment, cette thèse semble se dessiner.
Marc Trévidic, chargé d'instruire le dossier attentat de Karachi, a semble-t-il, aujourd'hui, entre les mains la preuve que dès le lendemain du drame, le 8 mai 2002, la DST (Direction de la surveillance du territoire) a défendu simultanément deux versions différentes.
Alors que les services savaient pertinemment que l'attentat n'était pas le fait d'un kamikaze et que l'hypothèse d'un attentat-suicide commis par al-Qaïda était fausse, ils auraient néanmoins continué à accréditer cette thèse auprès des services judiciaires. Ainsi Jean-Louis Bruguière, le juge antiterroriste chargé de l'enquête a suivi cette voie jusqu'en 2007 date à laquelle le dossier a été confié à Marc Trévidic.
Quel sens donner à ce double jeu? S'agissait-il de coller à l'enquête pakistanaise qui accusait al-Qaïda, ou bien les services français ont-ils cherché à éviter d'autres pistes plus compromettantes pour une partie de la classe politique française ?