Un Bel inconnu sera le candidat de la gauche à la présidence du Sénat

Après les élections du 25 septembre 2011, les sénateurs se préparent à élire leur président, samedi 1er octobre. Les groupes politiques se sont réunis le 27 septembre. Le socialiste Jean-Pierre Bel sera le candidat unique de la gauche, tandis que le président sortant Gérard Larcher maintient sa candidature à droite, malgré la défaite de son camp. Il devrait donc probablement être battu par un inconnu, mais dont le nom s'est imposé. Et qui devrait de fait devenir le deuxième personnage de la République. 

Il pourrait devenir samedi 1er octobre 2011 le deuxième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire après Nicolas Sarkozy. Si le chef de l’Etat ne pouvait plus exercer pour une raison ou une autre ses fonctions, c’est lui qui assurerait l’intérim. Et pourtant, Jean-Pierre Bel est un quasi-inconnu aux yeux Français.

Le président du groupe socialiste au Sénat, élu sénateur de l’Ariège à la Haute assemblée depuis 1998, a été désigné mardi 27 septembre 2011 candidat au « Plateau », le nom de l’endroit où s’assied le président. Après les élections qui, deux jours avant, ont renouvelé la moitié du Sénat et donnée une majorité absolue à la gauche, le chemin de Bel vers la présidence semble tout tracé. C’est par acclamation que ses collègues socialistes en ont fait leur candidat. C'était lui le plus légitime, et l'ancienne ministre Catherine Tasca a finalement renoncé à se mettre en travers de son chemin.

Et Jean-Pierre Bel se veut confiant dans ses troupes. 

Le sénateur ne s’offusque guère de sa célébrité toute relative. Avant l’élection du 25 septembre, il déclarait sur une télévision ariègeoise que « lorsqu'on regarde les dix-sept présidents du Sénat, à peine un ou deux étaient véritablement connus. Je ne nourris donc aucun complexe ». Ses collègues croient en lui. Pour le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen, « il connaît, il aime cette institution. Il a le style du Sénat, empreint de courtoisie, de cordialité, de fermeté aussi car il en faut. La fonction réévalue l’homme, je suis sûr qu’elle va réévaluer Jean-Pierre ».

« Extrêmement ambitieux »

Jean-Pierre Bel est entré en politique il y a près de trente ans, lorsque l’ancien étudiant trotskyste à la faculté de droit de Toulouse a pris en 1983 la mairie de Mijanes, un village pyrénéen de moins de 100 habitants, et adhéré le même jour au Parti socialiste. Il gravit les échelons au fur et à mesure des années : il rejoint en 1986 le cabinet du Conseil général de l’Ariège. Il croise peu après Lionel Jospin, une rencontre déterminante. Jean-Pierre Bel prend les rênes de la fédération de son département puis de celle du Midi-Pyrénées. En 1994, il est promu au niveau national, d’abord comme secrétaire national aux fédérations, puis de 1997 à 2000 aux élections. En 2001, il prend à la droite la mairie de Lavelanet, toujours dans l’Ariège. Puis en 2007, c’est lui qui est en charge du projet socialiste de réforme des institutions.

Né le 30 décembre 1951 dans le Tarn, Jean-Pierre Bel est présenté comme un homme du terroir, qui a gardé un solide ancrage local dans sa région d’origine. Celle grâce à laquelle il est arrivé sous les ors de la République, notamment à partir de 2004, année où il prend la tête du groupe socialiste au Sénat. Sept ans plus tard, il connaît parfaitement l’institution, qu’il a promis de réformer en profondeur s’il devait succéder à Gérard Larcher.

Car la Chambre haute est très critiquée. Sur son train de vie, les voyages des « groupes d’amitié », les dépenses de transport, le coût écologique des centaines de feuilles de papiers systématiquement imprimées pour chacun des milliers d’amendements annuels, celui des « navettes » des textes de lois avec l’Assemblée nationale, entre autres.

Si Gérard Larcher a voulu réformer l’institution, beaucoup reste encore à faire. Jean-Pierre Bel s’est dit « extrêmement ambitieux », prônant un « Sénat plus moderne, plus modeste, plus transparent » et appelant ses collègues à « donner l'exemple ». En période de crise économique, alors que par ailleurs l’utilité politique du Sénat est depuis longtemps remise en question, c’est sans doute le meilleur signal que pourrait donner Bel et la gauche pour marquer de leur empreinte leur prise de pouvoir à la Haute assemblée.

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