« Ceci n’est pas un film » et où commence la vérité ?

Ce film iranien coréalisé par Jafar Panahi et Mojtaba Mirtahmasb sort ce 28 septembre dans des circonstances dramatiques : Jafar Panahi est toujours assigné à résidence à Téhéran après avoir été condamné en décembre dernier à 6 ans de prison et 20 ans d’interdiction de tournage pour « propagande hostile » à l’Iran. L’affaire a pris un tour inattendu voici quelques jours, lors que son coréalisateur Mojtaba Mirtahmasb a été arrêté par la police secrète du régime iranien, en compagnie de cinq autres cinéastes. Ceci n’est pas un film, tourné dans des conditions semi clandestines, a été projeté pour la première fois en mai dernier, lors du festival de Cannes.

Dans le salon de son appartement, Jafar Panahi prend son petit déjeuner, appelle son avocate, commence à lire, ou plutôt à jouer le scénario de son nouveau projet, l’histoire d’une jeune femme qui décide d’étudier les Beaux Arts, contre l’avis de ses parents. Ce film ne sera jamais tourné, puisque depuis neuf mois, le pouvoir interdit à Jafar Panahi de filmer. Le cinéaste a fait appel, et c’est cette attente interminable qu’il met en scène avec son complice Mojtaba Mirtahmasb dans Ceci n’est pas un film.  

En arrière-plan, des pétards et des feux d’artifice, ceux de la Fête du feu, une fête désormais illégale en Iran. Jafar Panahi fait de sa situation le sujet de son film : que fait un cinéaste qui n'a pas le droit de travailler, et qui attend qu'on le jette en prison ? Dans Ceci n’est pas un film, on ne sait jamais où commence la vérité et où finit la fiction, mais au fond, peu importe. Seul compte le résultat, un film admirable, tour à tour comique, et poignant, qui montre avec la même élégance le désœuvrement, l'angoisse, et le refus de la résignation.

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