Le rapport Vance, rempart de papier de DSK

Brandi et cité à maintes reprises par Dominique Strauss-Kahn lors de son interview dimanche soir sur TF1, le rapport du procureur Cyrus Vance a été érigé comme unique pare-feu par l’ancien directeur du FMI, derrière lequel il s’est largement réfugié.Surtout, il en a interprété de manière assez personnelle les conclusions.

« Il faut lire le rapport du procureur attentivement », a martelé Dominique Strauss-Kahn au cours de son intervention télévisée sur la chaîne française TF1.  Par une rhétorique habile consistant à affirmer par la négative, DSK s’est employé à décrire ce qui n’a selon lui jamais eu lieu. Et à utiliser le rapport du procureur Cyrus Vance, ce document de 25 pages mettant officiellement fin à la prodécure pénale, avec une grande liberté d'interprétation.

 « Ce qui s'est passé ne contient ni violence, ni contrainte, ni agression ni aucun acte délictuel, c'est le procureur qui le dit, ce n’est pas moi. »

Ce qui dit le rapport: « Des preuves, notamment physiques et scientifiques, établissent que l'inculpé a eu un rapport sexuel rapide avec la plaignante, mais elles ne permettent pas de confirmer les allégations de cette dernière selon lesquelles cet acte a eu lieu par la force et sans consentement. » Le rapport n'exclut donc aucun acte d'agression potentiel. 

« Le rapport du procureur dit : Nafissatou Diallo a menti sur tout. Elle a menti sur les faits. Toute cette histoire est un mensonge. »

Si le rapport explique effectivement que la plaignante a changé plusieurs fois de version et fait état de nombreux « mensonges » et « faux témoignages », le récit par Mme Diallo de l’acte sexuel n’a jamais varié : Dominique Strauss-Kahn l’a, selon elle, forcée à pratiquer une fellation.

"La relative brièveté de la rencontre entre l'inculpé et la plaignante a tout d'abord suggéré que l'acte sexuel n'avait probablement pas été consenti [...] Dès lors, il apparaît que, quoi qu'il se soit passé entre la plaignante et l'inculpé, cela n'a duré que sept à neuf minutes [...]Toute conclusion que l'on pourrait essayer de tirer de la séquence des événements ne peut qu'être fragilisée par le fait qu'il est impossible d'arrêter de façon définitive cette séquence elle-même. » Il y a donc bien eu un rapport sexuel « précipité » et prouvé. Consenti ou non, cela n’a pas été établi, faute de témoins et de preuves.

«Ni griffures, ni blessures».

Pas de séquelles physiques, en effet. Mais le procureur prend soin de rappeler les divers examens médicaux : «Le jour de l'incident, la plaignante fut examinée par une infirmière diplômée, expérimentée et agréée [...] n'a remarqué aucune blessure sur la plaignante et a noté qu'il n'y avait aucun traumatisme ou lésion sur son corps ou dans sa bouche. La seule chose notée par l'infirmière fut une "rougeur" observée lors de l'examen gynécologique» sans pouvoir affirmer qu'elle était la conséquence directe de l'incident.

Par ailleurs, «l'analyse de prélèvements faits sous les ongles de la plaignante n'a pas donné de résultat» et «les prélèvements faits sous les ongles de la main gauche de l'inculpé contenaient des traces de son propre ADN.»

« S’il était resté la moindre accusation qui tienne, il y aurait eu un procès. »

Si DSK en a terminé avec les poursuites pénales, un procès peut toujours se tenir au civil. Les allégations de Nafissatou Diallo seraient alors réexaminées par un jury populaire.

« Le rapport du procureur ne m’accuse en rien. »
Il indique en effet simplement l’abandon des charges retenues contre lui, faute de preuves de sa culpabilité. « Lors d'un procès, l'accusation doit prouver la culpabilité d'un accusé au-delà de tout doute raisonnable, explique encore le rapport. Pour une multitude de raisons, les mensonges de la plaignante font qu'elle n'est pas digne de foi […] Les autres preuves ne sont pas suffisantes pour justifier des poursuites pénales. Nous sommes par conséquent obligés de vous demander de prononcer un non-lieu. »

Un « non-lieu » qui ne le blanchit pas pour autant totalement.

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