« L'Apollonide », une maison close dans un tableau impuissant

La vie d’un bordel de luxe à l’aube du XXe siècle à Paris. Apollonide, souvenirs de la maison close, un titre à séduction qui cache un tableau plein de seins nu, mais qui paraît dénué de sens. Le film sort ce 21 septembre dans les salles en France. Un portrait trempé dans la mélancolie et la décadence, signé par le réalisateur français Bertrand Bonello, 42 ans.

Un couloir dans un hôtel. Une femme en partie dénudée nous montre la nature du lieu : une maison close à Paris en 1897. Elle reçoit un client en costume-cravate et lui parle de ses rêves : du sperme qui monte et des larmes blanches qui coulent. Il pose une petite boîte de cadeau sur la table : une bague. « C’est une demande ? » Il ne répond pas, se déshabille et lui fait l’amour. Il a encore une autre requête : « Je peux vous attacher ? ». Elle répond : « Oui », et devient ainsi tragiquement la Femme qui rit.

Bertrand Bonello place les prostitués de la maison close Apollonide au centre de son récit. Les visages sont sublimes, les costumes beaux, les corps fragiles. Les allusions à la peinture sont légions : La Grande Odalisque d’Ingres, les tableaux de Renoir, Manet, Monet ou le client qui veut observer le sexe d’une femme comme dans L’origine de Courbet. Le film ressemble plus à un tableau filmé qu’à des images de cinéma, sans la puissance de la peinture.

Le règlement est stricte, les sorties rares

La maison close est tenue d’une main de fer par la patronne. Le règlement est stricte, les sorties rares. La punition ultime pour les filles : être déclarée enceinte ou malade par la visite médicale obligatoire qui contrôle régulièrement la viande fraîche de la maison close. Toutes les filles rêvent de payer leur dette et ont un surnom : La Jolie cuisse marquée d’un tatouage, La Petite avec des roses rouges dans les cheveux, Caca avec sa spécialité correspondante. L’idée de La Femme qui rit est empruntée à Victor Hugo. Dans L’homme qui rit, il narre le destin d’un homme dont tout le monde pense qu’il fait une grimace, mais en fait il a été mutilé. Dans Apollonide, Bonello montre le massacre d’une manière aussi inutile que traumatisante.

Bonello voulait montrer le point de vue et le malheur des prostituées. Mais tout ce qu’il rend visible à l’écran semble être déjà connu, lu et vu. Le scénario tourne dans le vide. La partie la plus intéressante du film est finalement la bande sonore. Avant de faire du cinéma, Bertrand Bonello est passé par une formation de musique classique. Il a accompagné des artistes comme Françoise Hardy, Elliot Murphy, De Palmas ou Daniel Darc. Quelques scènes de sa maison close Apollonide sont magnifiquement rythmées par des silences et des percussions. Une musique qui est à mille lieues des images souvent très arrêtées et surchargées de bonne volonté. Dommage, qu’il noie des images, au milieu et à la fin du film, dans des chansons d’aujourd’hui.
 

 

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