Ce week-end vous attendent les sculptures ludiques du Jardin de la Luna Rossa à Caen, une visite de la Maison Diamantée à Marseille, la découverte de Queuleu à Metz, l’ouverture exceptionnelle de la Caserne Pelleport à Bordeaux…Dans l’esprit des Français, ce sont les monuments historiques qui représentent le mieux le patrimoine.
La lutte contre le temps
Le patrimoine, c’est aussi la lutte contre le temps. Antoine Walter n’a que 30 ans, mais il en sait déjà beaucoup. Son tic ? Être toujours en avance à chaque rendez-vous. Son métier ? Depuis dix ans, il est horloger-pendulier de la ville de Paris et s’occupe d’une cinquantaine d’horloges.
Avec fierté il présentera pendant ce week-end l’horloge monumentale de l’Hôtel de Ville qui remporta un Grand Prix lors de l’exposition universelle en 1889, la même où a été présentée la Tour Eiffel. « Pourquoi elle n’est pas aussi célèbre que la Tour Eiffel ? Quand on la regarde de l’extérieur, elle n’est pas visible. On voit le cadran, on entend les cloches, mais pour les gens l’horloge n’est jamais associée à ces deux choses. C’est l’horloge qui donne l’heure au cadran et c’est bien l’horloge qui actionne les marteaux pour que puissent sonner les cloches. Mais la plupart du temps ce sont des objets cachés. »
C’est une merveille monumentale en laiton, bronze et en acier qui pèse 1 500 kilos. En 1882, c’est Henry-Lepaute qui avait proposé « à titre gracieux, une horloge monumentale de haute précision, marchant huit jours sans être remontée. » Promesse tenue. Jusqu’à aujourd’hui, elle se contente d’une visite tous les huit jours. Le grand cadran visible sur le parvis de l’Hôtel de Ville se situe très exactement au-dessus du mot « Egalité » de la devise de la République française. L’horloge parisienne, affiche-t-elle un temps égalitaire ? « Toute la richesse et la complication d’une horloge, c’est de maîtriser le temps, confie Antoine Walter. Est-ce que le temps est égalitaire ? Je dirais oui, parce que chacun peut à sa manière s’approprier le temps. »
En tout cas, l’horloge est équipée d’un « remontoir d’égalité à force constante ». Et l’élégant tic-tac provient d’une beauté mécanique qui a quand même 2 mètres 50 de largeur et 2 mètres 50 de hauteur. Par contre, n’attendez pas pour les douze coups de midi, le marteau est actuellement en restauration. Si non, jusque dans les détails, la splendeur de l'horloge est restée intact. Le jaune éclatant du balancier en mouvement contraste avec le socle en bronze patiné marron. « C’est une horloge très délicate et très fine dans sa conception », résume Antoine Walter.
Dynamo Fukushima
Dans un tout autre registre, mais dans la même ville, Yann Toma s’active. Sous la coupole gigantesque du Grand Palais, l’artiste foisonnant a créé Dynamo Fukushima, une installation interactive et solidaire. Des centaines de vélos attendent les visiteurs qui devraient pédaler pour la bonne cause. Leur motivation se mesure en unités de tours de pédale, comptés sur un grand écran. L’œuvre produit de l’énergie artistique envoyée à Fukushima en solidarité avec les victimes de la catastrophe nucléaire. « La symbolique est fortement ressentie par les Japonais comme quelque chose de réel, explique Yann Toma. Chez nous, en Occident, cet acte est moins compréhensible. Mais je peux vous dire qu’à travers de la culture japonaise, cet acte est ressenti très profondément. »
Quel est le lien de cette installation contemporaine avec le thème Le voyage du patrimoine ? « Voyager, c’était pour moi autre chose que de faire du tourisme. Voyager à travers du patrimoine, à travers de l’énergie du patrimoine, créer une liaison avec ce qui m’a fait voyager le plus et qui a modifié le plus mes idées préconçues sur les questions d’énergie, c'est-à-dire ce qui s’est passé à Fukushima. »
L'énergie artistique
Les 22 000 mètres carrés de la plus grande verrière d’Europe ont vu le jour à une époque où l’énergie était une denrée rare, comme aujourd’hui. L’installation est ainsi une réminiscence de l’idée d’origine d’économiser l’énergie et permet de garder vivant ce patrimoine. « On attend 50 000 personnes en deux jours. Chaque visiteur va activer dans la boule une dose d’énergie. Ce n’est pas une énergie qui a pour but d’activer des piles ou un outillage. C’est un pédalage qui va activer de l’énergie artistique. »
- Lors de la manifestation Dynamo Fukushima une vente de soutien aura lieu au Grand Palais. Les bénéfices seront gérés par l'association Japonaide.