L’art contemporain entre Big Brother et lueur d’espoir

La petite ville bretonne Dinard dénonce dans une exposition d’art contemporain les grands systèmes qui nous oppriment. Big Brother : les artistes face au tyran rassemble trente-trois artistes présentant des peintures, installations et vidéos sur 1 500 m2. Après Qui a peur des artistes en 2009 et Hope en 2010, c’est la troisième exposition estivale et pertinente dans cette station balnéaire de 10 000 habitants.

« Il n’est pas interdit, même à la plage, de cultiver ses neurones » remarqueAshok Adicéam, commissaire de l'exposition Big Brother. Le Palais des arts de Dinard propose aux visiteurs des images de l'artiste face au tyran. Sur le parvis, une main géante de Bouddha. Tout en bronze, elle est composée de bouts de statues sauvés de la destruction durant la révolution culturelle en Chine. Cette œuvre de Zhang Huan ouvre un parcours éminemment politique. «  Il y a des œuvres comme cette botte militaire retournée de Maurizio Cattelan, avec un visage qui apparaît à l’intérieur de la botte, qui pour moi est la figure emblématique de cette exposition, souligne Ashok Adicéam. C’est une résistance aussi au fascisme. Et puis c’est une manière de discerner et de dire que le fascisme, malgré la pendaison par les pieds de Mussolini -à l’envers- en 1945, est un fait qui résiste ».

La grande dictature de l’avoir contre l’être

Installations, vidéos et musique animent cette exposition. Notamment celle de Chostakovitch, compositeur de l'avant-garde russe, détourné et marginalisé par le régime stalinien. On peut voir des œuvres de Martial Raysse, Claude Lévêque ou encore Andrei Molodkin. Big Brother, c'est l'artiste face à la tyrannie, celle de la politique, mais aussi celle de la culture ou de l'argent.« Il y a la dictature telle qu’on l’imagine et telle qu’on se la représente la plupart du temps, ajoute le maire de Dinard, Sylvie Mallet. Et puis, il y a cette grande dictature de l’avoir contre l’être qui était aussi un angle que je voulais absolument voir abordé parce que c’est vrai qu’elle nous rend esclave de nos possessions, elle nous rend esclave d’un modèle de société. Cette dictature de l’argent, du tout pouvoir que l’on donne à l’argent, et à l’avoir donc au détriment de l’être, c’est aussi bien sûr un angle très important je crois quand on aborde un sujet comme celui-là ».

Viser la société de consommation

Avec War Games, Jeux de Guerre, l'artiste Joana Vasconcelos vise la société de consommation, prévient Ashok Adicéam : « Il y a une voiture, une vraie voiture entourée de fusils mais qui sont des jouets, à l’intérieur de la laquelle il y a des peluches qui sont des jouets qui bougent et qui sont comme ça l’origine de l’art, l’origine de l’enfance de l’art, mais certainement aussi l’origine aujourd’hui en tout cas de ce qui prédispose à la violence et à la guerre ».

A la fin du parcours, il y a un lampadaire en néon de Claude Lévêque qui s'allume. Une lueur d'espoir sur un air d'Iggy Pop.

Big Brother : les artistes face au tyran, jusqu’au 11 septembre au Palais des arts et du festival à Dinard.

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