Un bateau à voile navigue sur des vagues bleues et rouges, survolé par une baleine gourmande. Cela pourrait être le gribouillage d’un enfant, mais la signature Troy ne laisse aucun doute sur l’origine. « C’est mon travail, confirme Troy Henriksen, un dessin d’un bateau avec une baleine. Je viens de la ville de New Bedford, qui était l’un des plus importants ports de pêche à la baleine. J’étais aussi marin pêcheur. C’est un dessin qui est basé sur l’histoire de Moby Dick. Moby Dick n’aurait probablement pas pu monter la Seine. Peut-être cette année, à l’occasion de Paris Plages. »
Une histoire personnelle
Troy Henriksen descend d’une longue lignée de pêcheurs norvégiens. Son premier embarquement à bord d’un bateau de pêche avait duré six mois. Pour Paris Plages, l’artiste a titillé pendant quatre mois son inspiration pour sortir des images et des dessins pour habiller les cabines et les cabanes-buvettes. Son inspiration « vient souvent de la lumière, du soleil, des gens, de l’énergie, de l’atmosphère ». Déjà avant la commande, il avait commencé avec une série sur la plage et le beach-ball pour sa Galerie W. « L’idée de la plage dans la ville est souvent surréaliste quand la plage se trouve loin de la mer. Chez moi, c’est une histoire personnelle. J’ai déjà travaillé sur ce sujet même avant que l’idée de Paris Plages était née ! Je suis venu à Paris en 1998, sans avoir un atelier ou un appartement. J’ai travaillé alors sur les quais pour gagner ma vie ! J’ai peint toute la journée et le soir j’ai cherché un hôtel pour la nuit. C’est très spécial de me retrouver à nouveau ici à travailler. C’est une sorte d’hommage à mon travail des dernières dix années à Paris. »
Vivre sous un ciel heureux
L’univers du peintre et fan de Rimbaud est habité par la poésie, des couleurs, des mots en anglais et une certaine naïveté qui fait incursion dans le monde de l’urbanisme. Living under a lucky sky s’appelle une autre œuvre imprimée sur une cabane-buvette située au long de la berge. Vivre sous un ciel heureux montre des gratte-ciel qui crachent la couleur et dominent les mots-voitures (Vite, Confiance, Amour, Goût) qui roulent comme les syllabes dans un poème, sur de l’asphalte noir comme la nuit.
Il est convaincu que toutes les choses sont reliées et constate depuis la naissance de Paris Plages une nouvelle conscience chez les gens : « La télévision n’est plus vraiment intéressante. Facebook et internet ont beaucoup contribué à rapprocher les gens. Il y a d’autres choses sociales qui se développent. Il y a de plus en plus de gens qui remettent des choses en question. »
Une nouvelle journée plein d'espoir
L’omniprésence de la couleur dans son travail n’est pas anodine. Pour Troy Henriksen, les couleurs possèdent le pouvoir de guérir les gens. Le plus beau compliment pour son travail serait « que mon travail représente une nouvelle journée plein d’espoir et montre qu’il y a toujours une solution ! Paris Plages contribue au plaisir et à une meilleure humeur dans la ville. Les gens peuvent y passer du bon temps, en paix. Les villes sont là pour les gens. »
La 10e édition de Paris Plages se déroule du 21 juillet au 21 août 2011.