Candidate à la direction du FMI, Christine Lagarde se lance dans une nouvelle bataille

La ministre française de l’Economie Christine Lagarde a annoncé, mercredi 25 mai 2001 lors d’une conférence de presse à Bercy, sa candidature à la succession de Dominique Strauss-Kahn à la direction générale du Fonds monétaire international (FMI). Même si elle est favorite et dispose de solides soutiens au sein de l'Union européenne, rien n’est gagné.

C’est officiel. Christine Lagarde est candidate au poste de directeur général du FMI. L’annonce intervient à la veille de l’ouverture du G8 de Deauville. Du côté des Européens, c’est un quasi-consensus. L’Allemagne, le Royaume-Uni ou l’Italie ont d’ores et déjà appuyé la candidature de la ministre française.

Le président de la Commission européenne José-Manuel Barroso soutient « pleinement » cette candidate tandis que le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn a indiqué, mercredi, que « dans la conjoncture actuelle de la crise de la dette en Europe, la Française était la mieux placée ». Selon certaines sources à Washington, les Etats-Unis devraient également appuyer la candidature européenne.

L’affaire Tapie

Même si elle favorite, la partie est loin d'être gagnée. Christine Lagarde est toujours handicapée par l'affaire Bernard Tapie. La ministre des Finances est accusée d’abus d’autorité. Selon un rapport de la Cour des comptes, elle aurait en 2007 pris des décisions contraires à l’avis des services de Bercy, pour régler le contentieux qui opposait l’homme d’affaires Bernard Tapie aux liquidateurs du Crédit lyonnais autour de la revente d’Adidas. Un dossier qui s’est soldé par une facture astronomique pour l'Etat français et les contribuables de 385 millions d'euros.

Concernant justement cette affaire, Christine Lagarde a indiqué au cours de la conférence de presse avoir « toute confiance » et « être parfaitement tranquille ». Elle a par ailleurs déclaré qu’elle « maintiendrait » sa candidature au FMI même en cas d’enquête. Une décision sur la poursuite de cette enquête judiciaire sera rendue le 10 juin, jour de clôture des candidatures au FMI.

La fronde des pays émergents

Selon une règle non écrite qui date de 1945, la présidence de la Banque mondiale va aux Etats-Unis, et celle du FMI à l'Europe. Mais cette fois, les grands pays émergents ne l’entendent pas ainsi. Ils souhaitent remettre en cause cette tradition. Dans un communiqué, les membres du groupe BRICS, la Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique du Sud et le Brésil ont affirmé : « il faut abandonner cette règle obsolète et non écrite selon laquelle le chef du FMI doit être européen. »

Le Mexique a ainsi présenté la candidature du gouverneur de sa banque centrale Agustin Carstens, tandis que l’Afrique du Sud et le Kazakhstan, soutenu par la Russie, pourraient présenter leurs propres candidats. Le ministre brésilien des Finances Guido Mantega a également estimé qu’il fallait que la direction générale du FMI soit attribuée « en fonction des compétences des candidats et non pas en raison de leur nationalité ». En réponse, Christine Lagarde a souligné qu’être européenne ne doit pas « constituer un handicap ».

Celle que le  Financial Times, quotidien britannique, désignait comme « meilleur ministre des Finances du Vieux Continent » soulève également les critiques. Ancienne avocate d’affaires au cabinet Baker et McKenzie, elle n’est ni économiste ni financière. Or, aujourd’hui, le FMI a besoin d’un économiste visionnaire. Son prochain directeur général devra, en effet, définir les priorités économiques du nouvel ordre mondial.
 

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