Il affirmait encore il y a peu de temps « ne pas être plus impatient d’être candidat que le Christ de monter sur la croix ». La formule était semble-t-il plus forte que la détermination de Jean-Luc Mélenchon à patienter. Le co-président du Parti de gauche a fait sa déclaration dès avant l’ouverture du conseil national de son parti, samedi, au cours duquel il devait pourtant évoquer cette question. Et lui qui avait, ces derniers temps, beaucoup critiqué la presse a tout de même choisi d’annoncer sa candidature à la télévision.
Cette stratégie médiatique habile donne encore un coup d’avance à Jean-Luc Mélenchon qui désire « être le candidat du Front de gauche », dans lequel le Parti de gauche est allié au Parti communiste. Mais deux autres candidats sont déjà en lice pour l’investiture communiste : André Gérin et André Chassaigne. Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, a d’ailleurs pris soin de confirmer que l’entrée en lice officielle de Jean-Luc Mélenchon ne changeait rien au calendrier de désignation du candidat du Parti communiste. Le choix définitif n’aura lieu qu’au printemps.
Candidature unitaire ou pas ?
Officiellement donc, rien n’est joué du côté du Parti communiste et ce sont les militants qui doivent trancher. Néanmoins, lors du conseil national réuni au début du mois de janvier, le soutien à une candidature commune au sein du Front de gauche, derrière Jean-Luc Mélenchon, avait semblé retenir l’attention de la direction du PCF. Pierre Laurent a d’ailleurs confirmé vendredi son désir de voir le Front de gauche incarner « une dynamique collective et positive ».
Après l’échec cuisant de Marie-George Buffet à la dernière présidentielle, où elle avait obtenu moins de 2% des suffrages, il est vrai que la problématique de 2012 est difficile pour les communistes. D’autant qu’André Chassaigne et André Gérin souffrent tous les deux d’un déficit cruel de notoriété. Ce qui n’est pas le cas de Jean-Luc Mélenchon. L’ancien socialiste -il a quitté le PS avec fracas en 2008- s’est fait une solide réputation de tribun. Il manie avec brio les formules chocs et ne recule pas devant les provocations. A tel point qu’il est même souvent qualifié par ses détracteurs de « populiste » et même comparé de ce point de vue à Marine Le Pen. Marine Le Pen, avec laquelle il a d’ailleurs accepté un débat au mois de février.
La présidentielle à Mélenchon, les législatives aux communistes
Les atouts de Jean-Luc Mélenchon sont aussi ses handicaps. Certains estiment ainsi que son aisance et sa capacité à focaliser les attentions font courir le risque d’une personnalisation trop importante. D’autre part, l’idée de ne pas avoir de candidat estampillé communiste à la présidentielle, le grand rendez-vous avec les Français, pose problème à certains militants déjà affectés par le déclin du PCF. Mais un soutien à la candidature unitaire de Jean-Luc Mélenchon à la tête du Front de gauche pourrait se négocier en échange d’investitures d’une majorité de candidats communistes pour les autres échéances électorales, les cantonales de mars et, plus tard, les législatives de 2012. Reste à savoir si cette option convaincra les autres candidats à la candidature de jouer le jeu...
Dans sa démarche présidentielle, Jean-Luc Mélenchon espère aussi convaincre les autres partis d’extrême-gauche, et notamment le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot, de le rejoindre pour former un bloc à la gauche du Parti socialiste. Un pari loin d’être gagné car même s’il affirme haut et fort qu’il n’a pas quitté le PS pour « devenir son supplétif », certains le soupçonnent encore de pouvoir passer des accords avec lui en cas de victoire d’un socialiste en 2012. Mais avant de fédérer l’ensemble de ce qu’il appelle « l’autre gauche », Jean-Luc Mélenchon doit convaincre les communistes.