Remaniement gouvernemental : un léger lifting plutôt qu'un big bang

Nicolas Sarkozy a finalement reconduit François Fillon à la tête d'un nouveau gouvernement marqué par le maintien des poids-lourds et une inflexion à droite pour partir au combat de l'élection présidentielle de 2012. Pas de gros changements ni de grosses surprises dans ce nouveau gouvernement. 

Après plus de 5 mois de réflexion, Nicolas Sarkozy a clairement choisi la continuité dans la poursuite des réformes avec comme maître d’œuvre, François Fillon reconduit à Matignon et passé du rang de simple « collaborateur » à celui d’incontournable Premier ministre qui sera d’ailleurs peut-être le seul et l’unique chef du gouvernement de ce quinquennat.

François Fillon préféré au « social » et centriste Jean-Louis Borloo, c’est lui le grand perdant de ce remaniement qui fait la part belle à la grande famille UMP et chiraquienne. Avec le retour de poids lourds comme l’ancien Premier ministre Alain Juppé à la Défense et Xavier Bertrand au Travail. Aux côtés de Michèle Alliot-Marie à la diplomatie, de Christine Lagarde à l’Economie, et de Brice Hortefeux à l’Intérieur. Ainsi sonne la fin de l’ouverture à gauche et à la diversité, exit Bernard Kouchner, Jean-Marie Bockel, mais également Rama Yade, Fadela Amara et place à l’entrée de sarkozystes de choc comme Frédéric Lefèbvre et Thierry Mariani.

Le signal envoyé par le chef de l’Etat est très clair : avec ce gouvernement resserré à droite, c’est une équipe de campagne, une équipe de combat que le président installe pour les 17 mois qui le sépare maintenant de la grande bataille de la présidentielle. D’où les critiques de l’opposition, « Tout ça pour ça ! » raille ainsi Martine Aubry, la patronne du Parti socialiste.

Le centre en peau de chagrin

Déçus et amers également les centristes. Ils étaient sept hier au gouvernement ils ne sont plus que trois aujourd’hui. Et seul Michel Mercier, à la Justice, arrache un grand ministère. Jean-Louis Borloo, lui, claque la porte du gouvernement après avoir échoué aux portes de Matignon. Hervé Morin, le patron du Nouveau Centre, est quant à lui remercié du ministère de la Défense.

Autant de déçus au centre qui pourraient représenter un danger pour Nicolas Sarkozy en se lançant dans la campagne présidentielle. Hervé Morin, on le sait est déjà candidat, Jean-Louis Borloo réfléchit quant à lui à une confédération du centre. Il réunira d'ailleurs les élus centristes de la majorité dès ce soir, lundi 15 novembre 2010, à l'Assemblée nationale.

Reste à savoir également si le président Sarkozy, encore en baisse ce lundi matin dans les sondages à 32% d’opinions favorables, pourra réellement avec ce nouveau gouvernement trouver le « nouveau souffle » qu'il espère afin de rebondir pour 2012. Pas facile, alors qu'on le sait, ses marges de manœuvre sont très étroites. On attend maintenant la feuille de route qui sera donnée aux ministres. Le Premier ministre Fillon fera la semaine prochaine un discours de politique générale. Et avant cela Nicolas Sarkozy devrait présenter dans le courant de la semaine ses priorités aux Français lors d'une intervention à la télévision.

 

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