La réforme des retraites est adoptée par les députés

Après une nuit tumultueuse, les parlementaires ont adopté la réforme des retraites par 329 voix pour et 233 contre. Le vote a eu lieu après une négociation marathon donnant lieu à des échanges très vifs entre parlementaires de la majorité et de l’opposition. Les syndicats appellent à manifester la semaine prochaine.

L'Assemblée nationale a adopté par 329 voix contre 233 la réforme très contestée des retraites, projet majeur de la fin du mandat du président Nicolas Sarkozy, avant une nouvelle journée de grèves et de manifestations prévues la semaine prochaine. 

Le vote n'a donné lieu à aucun suspens, la droite disposant d'une nette majorité. De leur côté, syndicats et partis de gauche assurent que la « bataille n'est pas perdue » et promettent d'accroître la mobilisation populaire.

Le vote a été précédé d'une séance parlementaire marathon. Elle avait débuté en milieu d'après-midi mardi 14 septembre pour ne s'achever que mercredi matin, les députés de gauche tentant de repousser l'heure du vote. La tension était vive, en particulier entre les députés socialistes et le ministre du Travail Eric Woerth, chargé de défendre le projet du gouvernement ; un gouvernement qui a fait quelques concessions sur les emplois pénibles et les carrières longues, mais qui continue d’exclure tout retour en arrière concernant le passage à 62 ans de l'âge de la retraite.
 

« Les jeux ne sont pas faits », a prévenu la patronne du Parti socialiste Martine Aubry, tandis que les députés socialistes se sont symboliquement présentés mercredi dans l'hémicycle ceints de leur écharpe tricolore d'élus de la nation.

Deux sondages montrent l’hostilité croissante des Français au recul de l'âge de la retraite. Du coup, Bernard Thibault, le patron de la CGT, le premier syndicat français, affirme « qu’il n'est pas illusoire de viser la victoire ».  Les syndicats, qui dénoncent une réforme injuste, comptent sur la rue pour faire reculer le gouvernement. Ils avaient réussi leur pari de mobiliser massivement les salariés le 7 septembre dernier, avec plus d'un million de personnes dans les rues selon la police (jusqu'à 2,7 millions selon la CGT).

Environ 6.500 manifestants, selon la police, étaient d'ailleurs rassemblés mercredi face à l'Assemblée nationale, pour exhorter les députés à ne pas voter la réforme.

Après son adoption par l'Assemblée, le projet de loi sera débattu au Sénat à partir du 5 octobre. D'ici là, les syndicats ont appelé à une nouvelle journée de grève et manifestations le 23 septembre.

Il reste encore « un petit peu de marge » au Sénat pour amender le projet de loi, a promis mercredi Nicolas Sarkozy aux sénateurs UMP qu'il recevait à déjeuner.

La mesure phare de cette réforme, et la plus impopulaire, est le relèvement de 60 à 62 ans de l'âge minimal de départ en retraite à l'horizon 2018. Le gouvernement considère que faire travailler les Français plus longtemps, à l'instar de leurs voisins européens, est la meilleure option pour assurer des besoins de financement estimés à 70 milliards d'euros d'ici à 2030.

Malmené depuis des mois dans les sondages et fragilisé par des scandales, Nicolas Sarkozy compte sur cette réforme emblématique pour reprendre la main sur l'agenda politique avant la présidentielle de 2012.

Mais la réforme est défendue par un ministre affaibli. Eric Woerth est mis en cause dans le scandale lié à l'héritière des cosmétiques L'Oréal, la milliardaire Liliane Bettencourt, une affaire complexe qui comporte de multiples volets, notamment des suspicions de conflit d'intérêts, de financement politique illégal et de trafic d'influence.

Dans son intervention à l'Assemblée, le chef de file des députés PS Jean-Marc Ayrault, a d'ailleurs dressé le réquisitoire « d'une crise morale et politique dont M. Woerth est devenu le symbole ». Dans un nouveau rebondissement dans cette affaire, le quotidien Le Monde a accusé lundi M. Sarkozy d'avoir violé les lois sur la protection des sources des journalistes en sollicitant le contre-espionnage pour identifier l'informateur d'un reporter du journal.

 

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