La mort de Chabrol : Florilège sonore d’un ogre d’images

« Je suis d’une méchanceté terrible » confiait-il dans un entretien à RFI en 1992, à l’occasion de la sortie de son film « Betty ». Par rapport à sa gourmandise Claude Chabrol révélait : « Beaucoup d’aveux se font à table ». Lui-même se livrait volontiers aussi devant un micro. Son cinéma rentre avec une très grande impertinence dans l’imaginaire et l’intimité des gens, c’est pour cela que le cinéaste était toujours un bon « client » à la radio. Ecoutez les archives sonores de RFI sur Claude Chabrol.

Extrait d’un entretien réalisé le 25 février 2009. Claude Chabrol était l’invité de l’émission Culture Vive sur RFI à l’occasion de la sortie de son film Bellamy avec Gérard Depardieu et Jacques Gamblin.

RFI : 50 ans de carrière, 56 films. Vous êtes assez boulimique ! Qu’est-ce qui fait courir Chabrol ?

Claude Chabrol : Je ne veux pas faire des chefs-d’œuvre. Je suis incapable de faire un chef-d’œuvre. On appelle cela un perfectionniste. Il paraît que c’est une maladie. Je n’ai pas cette maladie-là. Au lieu de faire des chefs-d’œuvre, j’ai essayé de faire une œuvre. Pour cela il faut en faire beaucoup. Dans mes 56 films, il doit y en avoir une bonne dizaine, pour ceux-là, j’aurais pu ne pas les faire, mais je les ai faits.

RFI : Si il fallait garder un film de Claude Chabrol, de cette œuvre, vous savez lequel ?

C.C.: Non, parce qu'il fait partie de l'ensemble.

RFI : Il n’y en a pas une scène non plus ?

C.C. :  On est obligé d’acheter la totalité des DVD !

RFI : 56 films ! Est-ce qu’il y à un moment où vous vous êtes dit : là, je suis parfait ?

C.C. : Non. Je suis incapable… et en plus je m’en fous! Ce n’est pas mon problème de dire : je suis parfait. Il y a une chose que je trouve réussie, parce qu’elle est terrible cette scène-là, c’est dans un film qui s’appelle La Cérémonie où à la fin les filles, Sandrine Bonnaire et Isabelle Huppert, tuent tout le monde, toute une famille. Et il y a le petit jeune, un gosse de 16 ou 17 ans, qui est dans le coin du cadre, on lui tire dessus. Il tombe hors du cadre, et c’est fini. On en parle plus. Cette espèce de l’inimportance (sic) de la vie humaine, de la montrer comme cela, j’étais très fier de moi ! J’étais content.

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