Ukraine: Vladimir Poutine accepte un «groupe de contact» pour «entamer un dialogue»

Après la multiplication des mises en garde diplomatiques contre la Russie, Vladimir Poutine a accepté ce dimanche soir une proposition de la chancelière Angela Merkel de mettre en place une mission sur l'Ukraine pour engager un dialogue politique. Plus tôt, l'Otan avait appelé au déploiement d'observateurs internationaux en Ukraine.

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C'est un premier pas très important ce dimanche soir qui a été franchi. Le président russe Vladimir Poutine a accepté la proposition formulée par Angela Merkel, de mettre en place une mission sur l'Ukraine pour engager un dialogue politique avec Kiev. « Le président Poutine a accepté la proposition de la chancelière d'établir immédiatement une mission d'enquête ainsi qu'un groupe de contact, éventuellement sous la direction de l'OSCE », selon un communiqué du gouvernement allemand. Lors de leur entretien téléphonique ce dimanche soir, la chancelière a « reproché au président russe d'avoir violé le droit international par l'intervention russe, inacceptable, en Crimée », selon ce communiqué.

Depuis que le Sénat russe a voté en faveur du recours aux forces armées en Ukraine, la communauté internationale s'était mobilisée pour faire pression sur la Russie. A l'issue d'une réunion de crise à l'Elysée entre François Hollande et le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, la France a décidé ce dimanche de suspendre sa participation aux réunions préparatoires du G8 de Sotchi, prévues en juin. Le Royaume-Uni lui a emboîté le pas. Plus tard, ce dimanche soir, le Premier ministre britannique David Cameron a annoncé sur Twitter son intention de boycotter les jeux Paralympiques de Sotchi.

L'Ukraine a placé son armée en état d'alerte, mais ses troupes sont dans un piètre état général. Les autorités de Kiev se préparent à la guerre tout en restant très prudentes. Il s’agit d’éviter toute action qui conduirait à l’escalade et qui obligerait une armée ukrainienne relativement mal équipée et préparée à s’engager dans un conflit. « La partie ukrainienne n’agira pas en premier », confie un député à notre envoyée spéciale à Kiev, Anastasia Becchio. Le chef du Conseil de défense et de sécurité nationale a sonné le début de la mobilisation des réservistes. « Le ministère de la Défense va appeler tous ceux dont les forces armées ont besoin », a dit Andriy Parouby. L’armée a été placée en état d’alerte maximale. La sécurité a été accrue autour des lieux stratégiques comme les centrales nucléaires. Le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a annoncé la fermeture de l'espace aérien du pays à tout appareil non civil.

  • Le chef de la marine ukrainienne rallie les pro-Russes

Ce dimanche en fin de journée, le commandant en chef de la marine ukrainienne, l'amiral Denis Berezovski, a annoncé qu'il prêtait allégeance aux autorités pro-russes de Crimée, au cours d'une conférence de presse à l'état-major de la flotte russe à Sébastopol. L'amiral Berezovski avait été nommé vendredi à la tête de la marine ukrainienne par le président par intérim Olexandre Tourtchinov.

Le président ukrainien voit dans les déclarations de Vladimir Poutine une véritable déclaration de guerre, tout comme Arseni Iatseniouk qui tire la sonnette d’alarme. L’Ukraine se « trouve au bord du désastre, c’est l'alerte rouge », prévient le Premier ministre, qui lance un nouvel appel à la Russie à retirer ses forces armées d’Ukraine. Les ministres de la Défense et de l’Intérieur sont venus faire un point de la situation à la Rada, le Parlement ukrainien. La session du Parlement s’est déroulée à huis clos. Les députés en appellent à la communauté internationale, et en particulier aux pays signataires du Mémorandum de Budapest en 1994 qui garantit la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ces pays sont la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni.

Le secrétaire au Foreign Office William Hague, ainsi que son homologue grec, dont le pays assure la présidence tournante semestrielle de l’UE, se rendent en Ukraine ce dimanche. Le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, devrait faire de même en fin de journée demain, probablement à l’issue d’une réunion d’urgence à Bruxelles des 28 ministres des Affaires étrangères. Leur marge de manœuvre demeure cependant limitée : lors d’une confrontation militaire à ses frontières, l’UE n’est guère plus performante aujourd’hui que lors de la guerre civile dans l’ancienne Yougoslavie il y a vingt ans.

  • Mobilisation en soutien aux Russes d'Ukraine

À Moscou, une marche en soutien aux Russes d’Ukraine s'est tenue dimanche après-midi à partir de la place Pouchkine. Le vice-président du Parlement et plusieurs députés avaient annoncé leur participation, afin d’apporter leur soutien au peuple ukrainien, de soutenir ceux qui parlent russe et ne reconnaissent pas les nationalistes qui ont pris le pouvoir. Un rassemblement du même genre a été organisé à Saint-Pétersbourg par le parti au pouvoir Russie unie.Tout ce que la Russie compte de nationalistes se mobilise, nous signale notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne. Le cinéaste Mirochnichenko approuve l’initiative de Poutine. « Un signe que la Russie peut se lever pour ceux dont la vie est menacée. »

Une autre manifestation a en revanche été moins bien accueillie. Elle a réuni à Moscou quelques centaines de personnes contre une intervention militaire russe en Ukraine. Quelques dizaines de personnes ont été interpellées et emmenées au poste. La page d’un leader de l’ultra droite ukrainienne a été fermée sur Vkontakt, le « Facebook russe ». La justice russe y aurait trouvé un appel à destination du chef tchétchène Dokou Oumarov pour qu’il aide les manifestants ukrainiens. La télévision a par ailleurs présenté un jeune Russe qui aurait participé au Maïdan. Il a expliqué qu’il y avait beaucoup d’étrangers à Kiev : des Américains, des Allemands, des Polonais, avec des armes.

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