La police britannique ne cherche pas d'autre suspect après l'attaque au couteau sur le London Bridge. L’assaillant a été identifié : il se prénommait Usman Khan. Âgé de 28 ans, il était depuis décembre dernier en liberté conditionnelle après avoir été incarcéré pour des infractions liées au terrorisme. Ses motivations demeurent inconnues.
D’après la presse britannique, Usman Khan aurait été l’étudiant d’Anjem Choudary, cofondateur d’un groupe nommé Al-Muhajiroun, présenté par la presse britannique comme l'un des plus dangereux en matière d'islamisme radicalisé. En 2012, Usman Khan avait été condamné pour avoir préparé un attentat à la Bourse de Londres. Le juge responsable de l’affaire avait indiqué que l’assaillant et ses complices de l’époque étaient de très dangereux jihadistes et qu’ils ne devaient pas être relâchés, à moins de ne plus représenter aucune menace pour le public.
Selon son avocat, Usman Khan avait fait savoir dès sa condamnation que sa façon d’aborder l’islam n’était pas correcte. Il aurait critiqué la philosophie d’al-Qaïda et l’extrémisme violent. Ce vendredi, il participait à une conférence organisée par l’université de Cambridge sur la réhabilitation des prisonniers, selon la presse. Elle se déroulait dans le Fishmonger's Hall, un bâtiment à l'extrémité nord du London Bridge. C’est là que l’attaque a commencé.
Une victime identifiée
Une première victime a été identifiée, rapporte notre correspondante à Londres, Chloe Goudenhooft. Il s’agit de Jack Merritt, un homme âgé de 25 ans et diplômé de l’université de Cambridge où il avait notamment étudié le droit. Il était le coordinateur de ce cours destiné aux anciens prisonniers. Sur Twitter, le père de Jack Merritt a écrit que son fils n’aimerait certainement pas que sa mort soit utilisée comme prétexte pour décider de peines plus draconiennes ou pour détenir des personnes inutilement.
Car deux ans après l’attentat du London Bridge en juin 2017, qui avait fait huit morts en plus des deux terroristes, cette nouvelle attaque pose la question du risque terroriste au Royaume-Uni. Début novembre, la ministre de l’Intérieur Priti Patel avait annoncé que le seuil d’alerte avait été réduit de « sévère » à « substantiel », malgré le retour des combattants de Syrie dans le pays. Et ce vendredi, la classe politique n’a pas tardé à s’emparer de l’affaire.
La sécurité des Britanniques s'installe au cœur du débat politique
« Le premier devoir de chaque gouvernement, c’est de nous maintenir en sécurité. Et soyez-en sûr, le gouvernement conservateur va continuer de donner à notre police les ressources et le pouvoir de le faire », a déclaré Rishi Sunak, secrétaire en chef du Trésor, qui représentait les conservateurs lors d'un débat électoral vendredi soir, sur le plateau de la BBC. Il devait sentir venir les critiques sur le financement de la police par son gouvernement.
De fait, cela n’a pas manqué, et c’est la travailliste Rebecca Long-Bailey qui a ouvert les hostilités. « C’était un évènement extrême. Mais nous ne pouvons pas ignorer que ces dernières années, depuis cinq ans surtout, les crimes violents ont augmenté dans tout le pays. Dans le même temps, depuis 2010, plus de 20 000 policiers ont été retirés du terrain. Cela ne peut qu’avoir un impact direct. »
Un constat partagé par plusieurs autres responsables politiques présents lors du débat. Et Nicola Sturgeon, la Première ministre d’Écosse, ne s’en est pas tenue là. « Il faut soutenir nos services de sécurité, et nous assurer qu’ils aient accès aux meilleurs renseignements possible : c’est une des nombreuses raisons pour lesquelles je pense que quitter l’Union européenne est une erreur. »
Le Brexit sera au cœur des législatives anticipées au Royaume-Uni dans un peu moins de deux semaines. Mais l'attentat a désormais toute sa place dans le débat. Après avoir été suspendue suite à l'attaque, la campagne électorale a repris ce samedi, à moins de deux semaines des législatives du 12 décembre.