C’était hier, peu avant 14h30 : le London Bridge de nouveau frappé par le terrorisme. Un homme y a été tué par balle par les forces de l'ordre après avoir poignardé plusieurs passants, semant la panique sur le célèbre pont surplombant la Tamise. Selon la police locale, deux des passants victimes de l'attaque sont décédés et trois autres personnes ont été blessées. « London Bridge, encore. Une attaque terroriste, une autre, soupire Libération. (…) Les Londoniens ont revécu (hier) un cauchemar pas si ancien. C’était il y a deux ans et demi. Le 3 juin 2017, sur le London Bridge, trois terroristes fonçaient dans la foule dans une camionnette blanche, avant d’en sortir pour poignarder les passants. Huit personnes avaient été tuées, 48 blessées », rappelle Libé.
Un guide touristique, qui était de ceux qui se sont battus avec le suspect, a raconté sur la BBC avoir vu des gens courir en criant. « Il a poignardé des femmes ! », rapporte le journal Le Parisien. Selon ce guide touristique, l'assaillant a crié « bombe » lorsque la police a tenté de l'interpeller.
Sur son site internet, Le Figaro souligne que l’assaillant du London Bridge avait été condamné pour terrorisme. D'après des médias britanniques, l'homme portait un bracelet électronique. L'agence de presse PA précise qu'il avait été condamné à 16 ans de prison pour son appartenance à un groupe qui avait voulu commettre un attentat à la bombe à la Bourse de Londres, le London Stock Exchange, et établir un camp d'entraînement terroriste au Pakistan.
Le Times, citant des sources gouvernementales, a précisé qu'il participait vendredi à une conférence organisée par l'université de Cambridge sur la réhabilitation des prisonniers dans un bâtiment à l'extrémité nord du London Bridge, où l'attaque a commencé d'après la police. Avant le début d’une réunion du comité de crise du gouvernement dans la soirée, le Premier ministre Boris Johnson a dit avoir souligné « depuis longtemps » que « c’est une erreur de permettre aux criminels violents de sortir de prison de manière anticipée ».
Peu de commentaires encore, ce matin, dans la presse écrite française. Le journal L'Eclair des Pyrénées, toutefois, a su très vite réagir. « Scotland Yard l'a vite confirmé : c'est bien une attaque terroriste au couteau qui s'est déroulée une nouvelle fois (hier) en plein cœur de Londres, faisant plusieurs victimes, relève ce quotidien du sud de la France. Daech a été battu au Moyen-Orient, mais Daech est toujours vivant, sous des formes diverses, qui vont des attentats individuels, comme à Londres et Paris, à une véritable guerre, comme celle qui est engagée au Sahel par les jihadistes, et dont le but est le rétablissement d'un État islamique, énonce L'Éclair des Pyrénées. La mort de 13 militaires français, 13 héros auxquels la nation entière rendra hommage lundi, était déjà venue rappeler à des opinions publiques qui auraient tendance à l'oublier que le danger est toujours présent », avertit ce journal.
« Grand méchant loup » est entré dans Paris
En France, les grèves du 5 décembre approchent. Et ce matin, la presse brosse le portrait d’un homme, chargé, il est vrai, du maintien de l’ordre à Paris. Cet homme, c’est le préfet de police Didier Lallement. Concomitamment, deux quotidiens nationaux, Le Parisien et Libération, illustrent leur Une d’une photo de Didier Lallement, en grand uniforme, gant blanc sur la tempe dans un strict salut sur celle du Parisien, gants blancs sur la couture du pantalon sur celle de Libération.
Le Parisien, donc, présente à ses lecteurs cet homme d’ordre, « main de fer dans un gant de velours » - tiens, tiens, revoilà les gants ! -, titulaire du poste « le plus envié de la préfectorale », souligne ce journal. Didier Lallement ? C’est « la force de l’ordre », formule Le Parisien, à la préfectorale, c’est « grand méchant loup ». Un vrai conte de fées ! Ce journal rappelle la scène, filmée le 16 novembre, il y a deux semaines, place d’Italie à Paris, qui a largement été diffusée, et sur laquelle, lors d’une manif de « gilets jaunes », Didier Lallement déclare à une sexagénaire « gilet jaune » que lui et elle ne sont pas « dans le même camp Madââme » !
Pas dans le même camp ? « Un préfet a-t-il un camp ?, interroge Le Parisien. Défend-il le pouvoir ou incarne-t-il l’État ? »Poser la question, c’est y répondre, et Le Parisien n’a pas de mots assez durs pour cet homme qui« inspire la crainte dans les rangs de la République » et qui serait, énonce-t-il, d’une « brutalité inouïe dans les rapports humains ».
Libération, de son côté, ouvre plutôt le dossier de l’ingouvernable préfecture de police de Paris. Et cible en effet son chef, le controversé Didier Lallement, auquel ce quotidien prête des calculs, disons-le, franchement politiques. Pour ce journal, en effet, l’histoire de cette grande maison policière en avait fait un contre-pouvoir. Seulement voilà, « le contre-pouvoir est donc devenu pouvoir, grand classique. Emmanuel Macron n'a pas échappé à la règle. Quand il nomme Didier Lallement à la tête de la PP en mars 2019, en pleine crise des "gilets jaunes", c'est avec la mission de réformer la maison. Par exemple rapprocher sa Division du renseignement (la DRPP) de la Direction générale de la sécurité intérieure qui fait peu ou prou le même job au plan national ; ou laisser filer le célèbre 36 quai des Orfèvres (la police judiciaire parisienne) dans le giron de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), ce qui aurait une logique. Quelques mois plus tard, force est de constater que Lallement résiste, souligne Libé. Réputé pour sa dureté et ses qualités de stratège politique, l'homme a très vite compris qu'il n'avait rien à gagner à affaiblir son fief. Et surtout pris la mesure de la fragilité du ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, et de la difficulté qu'éprouve souvent le chef de l'État à trancher. » Tout s’explique…