SPD, AfD: week-end intense pour les partis politiques d'Allemagne

Le Parti social-démocrate d'Allemagne, associé à l'Union chrétienne-démocrate d'Angela Merkel au gouvernement, doit se choisir une nouvelle direction ce week-end. Tout comme le parti d'extrême droite AfD, tiraillé entre courants modéré et radical.

Pour les partis politiques allemands, c’est la saison des congrès. Après les écologistes et la CDU d’Angela Merkel, c’est au tour de l’AfD et du SPD. Extrême droite et sociaux-démocrates doivent désigner de nouveaux dirigeants.

De manière générale, l'heure est au recentrage pour les formations allemandes. Les bientôt 14 ans de règne au centre d'Angela Merkel y sont pour quelque chose. La chancelière en fin de mandat veut se retirer de la vie politique en 2021.

Il reste deux ans aux principaux partis pour se positionner face à son héritage. Chez les sociaux-démocrates, laminés par leur participation au pouvoir, deux courants se font face, relate notre correspondante à Berlin, Nathalie Versieux.

Les pro-alliance avec la CDU démocrate-chrétienne, menés par le ministre social-démocrate des Finances Olaf Scholz, s'opposent aux adeptes d'une cure de régénération dans l'opposition, sous la houlette de Norbert Walter-Borjans.

Luttes d'influence chez Alternative pour l'Allemagne

À l'extrême droite, l'AfD devra elle aussi trancher entre deux courants, l'un favorable à la modération afin de parvenir au pouvoir, l'autre convaincu que c'est sur la droite et donc dans l'opposition qu'il pourra ratisser large.

Troisième force politique au Bundestag, derrière la CDU et le SPD, l'AfD stagne au niveau national entre 13 et 15% des intentions de vote. Or, l'aile radicale du parti enchaîne les succès électoraux, et cherche à asseoir son emprise en interne.

Les trois derniers succès électoraux du mouvement d'extrême droite ont eu lieu dans l'ex-RDA cet automne, arrachés par des figures du courant identitaire « Der Flügel ». Porter à la tête du parti une figure radicale ? La tentation est forte.

Il faut prendre des responsabilités et s'allier avec la droite, plaidait pourtant ce samedi matin le coprésident de l'AfD - encore pour quelques heures -, visiblement pas convaincu que la conquête du pouvoir passe par la radicalisation fédérale.

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Le peintre Tino Chrupalla à la tête du parti ?

À la tribune du congrès, avec son éternelle veste de chasse en laine kaki, Alexander Gauland, transfuge de la CDU, a encore une fois martelé son credo : son ex-parti affaibli n’aura bientôt plus le choix selon lui de toutes les façons.

À l'AfD, on tente d'éviter coups d'éclat, révolutions de palais voire scission. Une réunion de crise a eu lieu en début de semaine, dont a débouché un accord, selon la presse allemande, pour porter Tino Chrupalla à la tête du parti ce week-end.

Ce peintre en bâtiment de 44 ans est élu au Bundestag, issu d'une circonscription d'Allemagne de l'Est. Inconnu du grand public, il s'agit d'un ancien militant du mouvement de jeunesse de l'Union démocrate-chrétienne d'Angela Merkel.

Au-delà du SPD et de l'AfD, c'est l'ensemble des partis politiques allemands qui, à l'exception des Verts, ont le plus grand mal à se définir sur un échiquier politique devenu bien étroit, avec désormais six partis dans le jeu des possibles alliances.

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