Ankara veut expulser les jihadistes étrangers, même déchus de leur nationalité

La Turquie a annoncé ce mardi avoir arrêté, dans le nord de la Syrie, une sœur d'Abou Bakr al-Baghdadi. Cette annonce survient au moment où Ankara presse les Occidentaux de récupérer leurs ressortissants arrêtés. 

Avec notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer

« Nous ne sommes pas un hôtel pour membres de l’État islamique. » La formule, signée du ministre turc de l’Intérieur, Süleyman Soylu, est abrupte, mais elle exprime la lassitude des autorités d’Ankara face au nombre grandissant de jihadistes étrangers détenus dans le pays.

Elle illustre aussi leur rancœur face aux États qui dénoncent les actions de la Turquie en Syrie et l’accusent de compliquer la lutte contre le groupe État islamique, tout en refusant de récupérer leurs ressortissants partis rejoindre les rangs de cette organisation.

Les capitales occidentales s’inquiètent des risques sécuritaires que pourraient créer ces retours et de leur impopularité dans l’opinion publique.

Ankara dénonce notamment des pays comme la France, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas, qui ont déchu de leur nationalité des jihadistes présumés pour éviter d’avoir à les récupérer. La Turquie a jugé le procédé « inacceptable » et a promis de les renvoyer dans leur pays « que ces derniers leur retirent leur nationalité ou pas ».

Selon les chiffres officiels, près de 1 200 membres étrangers du groupe État islamique sont actuellement détenus en Turquie. Ankara affirme par ailleurs avoir capturé 287 jihadistes et membres de leur famille dans le cadre de son offensive récente contre les forces kurdes en Syrie.

Partager :