Syrie: l'Otan bien embarrassée par l'offensive turque contre les Kurdes

La réunion semestrielle des ministres de la Défense de l’Otan s'ouvre ce jeudi 24 octobre à Bruxelles. Lors d'une conférence de presse, son secrétaire général Jens Stoltenberg n’a pu cacher les vives dissensions au sein de l’Alliance atlantique au sujet de la situation en Syrie.

Avec notre correspondant à Bruxelles, Pierre Benazet

Pour Jens Stoltenberg, cela n’aurait aucun sens de chercher à cacher les différences sur la Syrie entre pays membres de l’Otan. Vingt-deux des 29 pays de l’Alliance atlantique sont membres de l’Union européenne et l’UE a formellement demandé à la Turquie de se retirer de Syrie. Le président français a été encore plus explicite en qualifiant de folie l’intervention militaire turque et a accusé l’Otan de faute lourde.

L’Alliance atlantique, qui comprend évidemment la Turquie et les États-Unis, s’est bien gardée d’élever la voix, et son secrétaire général n’a rapporté de sa visite à Ankara aucune assurance de la Turquie. Forcé de rappeler les préoccupations sécuritaires turques, Jens Stoltenberg ne peut guère aller plus loin que d’affirmer que l’Otan doit être une plate-forme pour le débat diplomatique et le débat entre les ministres de la Défense promet d’être très vif.

Aucune perspective de suspension

Il n’y a aucune perspective d’une quelconque suspension de la Turquie mais plusieurs pays envisagent une sorte de rappel à l’ordre. Ce sera évidemment exprimé en termes diplomatiques et peut-être plutôt lors de rencontres individuelles, mais pour les trois quarts des pays de l’Otan l’offensive turque menace la sécurité de l’Europe.

Jens Stoltenberg se refuse au moindre commentaire sur l’accord russo-turc sur la Syrie et se contente d’estimer qu’avec le cessez-le-feu la situation s’est améliorée mais il avertit tout de même que les résultats de la lutte contre l’État islamique en Syrie ne doivent pas être menacés.

La création d'une zone de sécurité internationale ?

Par ailleurs, la défense anti-aérienne de la Turquie dans le cadre de l’Otan est assurée par deux pays, l’Italie et l’Espagne et celle-ci a déjà annoncé le retrait de Turquie de ses batteries de missiles. Mais la Turquie n’est pas seule dans le collimateur, car certains pays reprochent au secrétaire général de l’Otan d’avoir qualifié de légitimes les préoccupations sécuritaires de la Turquie.

La conséquence la plus lourde de ces tensions pourrait être un changement d’attitude des pays qui en Europe ont toujours fait confiance aux États-Unis pour leur sécurité, puisqu’ils les accusent officieusement d’avoir causé cette situation.

La proposition de la ministre allemande de la Défense de créer une zone de sécurité internationale sera peut-être le seul point qui permettra aux alliés un débat un peu plus serein.

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